La petite histoire de cette curiosité est fascinante puisque, comme c’est souvent le cas, elle avait été oubliée par ses propriétaires qui en ignoraient jusqu’à la fonction.
L’arrière-arrière-grand-mère d’une amie était l’heureuse
propriétaire un phonographe Edison. Cette luxueuse possession lui permettait de
faire jouer des enregistrements de son choix quand elle le désirait et autant
de fois qu’elle en avait envie : un fabuleux loisir à une époque où la
radio diffusait ses programmes en direct, y compris la plupart des programmes
musicaux.
De l’appareil lui-même, on ne sait ce qu’il advint : la
grand-mère de mon amie croit se souvenir l’avoir aperçu dans une malle quand
elle était enfant, sans pouvoir en jurer.
Les cylindres, eux — car oui, avant les disques il y avait
des cylindres de cire — avaient été entreposés dans une cave, puis transférés
dans un débarras, puis oubliés. Vers les années 80, ce débarras fut vidé et le père
de mon amie, n’ayant jamais vu un tel objet, avait cru découvrir boîtes à
bobines de fil. Il avait donc écrit « couture » au crayon feutre sur
la boîte et avait poursuivi son ménage.
Et récemment, mon amie était en train de coudre sur la
Singer familiale (de bonnes machines qui durent éternellement : j’en ai
une et ne l’échangerais pour rien au monde) quand soudain elle désira une
aiguille à cuir. Elle fouilla les boîtes marquées « couture »…
…et tomba sur des cylindres Edison !
Elle a eu la gentillesse de m’en offrir un pour mon cabinet.
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Comme d’habitude, les écrivains de science-fiction avaient
anticipé cette invention avant qu’elle n’existe réellement. L'écrivain Savinien
Cyrano de Bergerac l’imagina autour de 1650 dans Histoire comique des États
et Empires de la Lune où il décrit des boîtes parlantes que les séléniens
utilisent à la place des livres.
Dans le monde réel, après quelques inventions n’ayant pas
rencontré de grand succès, le phonographe Edison fut breveté le 19 décembre
1877. Le cylindre phonographique est donc l'ancêtre du disque. Il est fait d’une
matière cireuse, faussement appelée « cire d'abeilles » alors qu’il s’agit de cire
de carnauba. La rotation du cylindre est assurée en continu par une manivelle
et régulée par un lourd volant.
Mon propre cylindre est du format Standard Edison : 55mm de
diamètre sur une longueur de 95 mm, 100 spires par pouce (environ 4 spires au
mm), offrant une autonomie de deux à trois minutes, selon vitesse de rotation.
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Bien entendu, j’étais impatient de l’écouter mais, ne
disposant pas d’un phonographe, j’étais plutôt embêté. Heureusement, il existe
des archives pour ces cas-là et grâce au numéro bien visible sur le cylindre, j’ai
pu retrouver en ligne cet enregistrement datant de 1903.
J’étais si nerveux en cliquant.
Qu’allais-je entendre ?
Un extrait symphonique ?
La déclaration du traité Hay-Bunau-Varilla ?
Une triste complainte oubliée ?
L’annonce de la fondation de l’Union politique et sociale
des femmes suffragettes ?
Un épisode de radio-western ?
Un hommage à Paul Gauguin suite à son décès ?
Une pub pour la Ford Model T ?
Un entrefilet sur le Prix Nobel de physique des Curie ?
Des nouvelles de l’Empire Austro-Hongrois ?
Et bien non… ce n’est rien d’aussi glorieux.
Il s’agit seulement d’un sketch où deux comiques autoproclamés se font des jokes louches en attendant l'heure du lunch…
...une sorte d'ancêtre des Grandes Gueules, disons...
...le titre est « Waiting for
the dinner horn to blow », mettant en « vedette » Byron G.
Harlan et Frank C. Stanley.
Si vous voulez l’écouter, c’est ici :
http://cylinders.library.ucsb.edu/search.php?queryType=@attr+1=1020&num=1&start=1&query=cylinder2689