samedi 26 février 2022

Curieuse Expédition (8) : le Jardin de l'Étrange

Disons-le…

1- On néglige trop souvent la visite du Jardin Botanique quand on s’offre le triptyque Biodôme-Insectarium-Jardin.

2- On néglige trop souvent de visiter les serres quand on visite le Jardin Botanique.

3- On néglige vraiment, vraiment trop souvent de visiter le Jardin Botanique durant l’hiver.


Pourtant, il y a quelque chose d’absolument exquis à se balader, durant une froide et morne journée de février, dans une serre immense où il fait 26’C, où les lampes UV vous dardent de chauds rayons et surtout, où foisonne une luxuriante végétation tropicale. Cette lumière, cette chaleur, ces parfums, ces couleurs… c’est vraiment une extraordinaire sortie hivernale.




Afin d’inciter davantage de gens à faire cette constatation — et inspirée du succès des expositions Venenum et Curiosités du Monde Naturel au Musée de la Civilisation, ou La Chambre des Merveilles à Pointe-à-Callières, le Jardin s’était lancé dans l’aventure des curiosités  avec, en 2020, Les Plantes Étranges de Mme Z. Malheureusement, la pandémie est venue voiler l’éclat qu’une telle exposition aurait dû avoir. On récidiva en 2021 pour frapper le même mur.


L’exposition de cette année, Le Jardin de l’Étrange, récupère l’essentiel des décors des plantes de Mme Z ainsi que la majeure partie de la thématique. Et tant mieux !



Je l’ai déjà avoué, la botanique m’a longtemps moins attiré que la zoologie ou la mycologie (qui n'est plus une branche de la botanique). Je remédie à cette lacune depuis que j’ai commencé mon herbier tridimensionnel et c’est afin d’attiser cette flamme que je me suis embarqué pour le Jardin de l’Étrange.








Autant le dire tout de suite : j’ai été conquis. Dans un décor steampunk qui semble tout droit sorti d’un ouvrage de Jules Verne, le Jardin de l’Étrange attire l’attention du visiteur sur les plantes géantes, les plantes flamboyantes, les plantes succulentes et les plantes carnivores.





L’exposition fut aussi plaisante pour le scientifique que je suis que pour ma conjointe qui contemple la végétation avec un œil d’artiste ou ma fille de 4 ans (eh oui, le temps passe)… les stations interactives valent amplement le détour et les décors génèrent une ambiance fort plaisante.




De retour au Carbonifère avec cette fougère-arbre...


...ça c'est d'la tête de violon !



Faîtes vite si vous souhaitez la visiter : l'exposition s'achève en avril...


Reste que j’ai entendu entre les branches (!) qu’une nouvelle aventure serait en préparation, inspirée des chasseurs de trésors et se consacrant aux plantes sur lesquelles se sont érigées des fortunes, des épices au cacao en passant par la folie spéculative des tulipes aux Pays-Bas… à suivre ! 


Mais en attendant, ceux qui se sente la fibre d'une Mme Z. pourront se procurer, à la boutique de souvenirs, de quoi démarrer leur propre jardin de l'étrange...



    


dimanche 13 février 2022

Le triptyque des orbes est complété !

J’en ai déjà fait mention, l’un des incontournables des cabinets antiques était le « triptyques des orbes » qui était constitué de trois objets forts mystérieux pour l'époque : le fruit de bois (noix de coco), les hanaps de sirènes (coquilles de nautile) et les oeufs de Rokh (oeufs d'Aepyornis fossilisés).


Le premier fut le plus facile à obtenir : je suis passé à l’épicerie, puis j’ai trouvé un tutoriel qui explique comment séparer la noix de coco en deux moitiés égales, retirer la chair et remonter le tout.


Pour la coquille de nautile, ce fut beaucoup plus difficile, d’autant que l’animal est protégé par des lois internationales. J’ai obtenu le mien par un échange avec un autre collectionneur.


Pour l’œuf d'Aepyornis fossilisé, ça s’est avéré au-dessus de mes moyens. Toutefois, en examinant d’anciens cabinets via des visites virtuelles ou dans certaines expositions muséales, j’ai découvert que l’œuf d’autruche et l’œuf d'Aepyornis étaient indifféremment exposés. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il y a des éleveurs d’autruche un peu partout au Québec.



Ci-dessus, quelques-uns des œufs de mon cabinet. Du plus gros au plus petit : œuf d’autruche, œuf d’émeu, œuf de héron et œuf de caille. Pour vous servir d'échelle, l'oeuf de héron (légèrement bleuté) est de la même taille qu'un oeuf de poule.


L’œuf d’autruche

Avec une masse comprise entre 1,2 et 1,8 kg, l’œuf d’autruche est le plus gros œuf d’animal vivant et donc la plus grande cellule du règne animal. Parfaitement comestible, il peut à lui seul fournir une sacrée omelette…



Il n’y a qu’un seul œuf d’autruche dans cette poêle


Pour le cuire à la coque, il faut le faire bouillir entre trois quart d’heure et une heure. Si vous souhaitez cuisiner un œuf d'autruche, il est important de savoir que cet œuf représente en moyenne 25 œufs de poule. 


La coquille est tellement épaisse que les autruchons prennent plusieurs jours à la transpercer ; si solide que les gourmets doivent l'affronter à la scie à métaux ou au marteau et au burin. Cette épaisseur permet ainsi d’en faire des objets utilitaires ou décoratifs. 


De tout temps, on a utilisé l’œuf d’autruche pour faire des gourdes.



Il fut souvent peint.




Mais je le préfère sculpté.




Durant l’époque victorienne, on en faisait des coffres à bijoux ou des urnes.




En Asie, on en a fait des urnes funéraires.




L’œuf d'Aepyornis


Bien sûr, l’œuf d'Aepyornis est encore plus impressionnant, mais de nos jours, seuls les musées et les riches collections privées en possèdent.








Spécimen numéro 1, oeuf d'Aepyornis ; 

numéro 2, oeuf de moa (autre oiseau coureur disparu) ; 

numéro 3, oeuf d'autruche.


L’Aepyornis ou Oiseau-éléphant était un oiseau géant de la même famille que les autruches Il vivait exclusivement à Madagascar. Il mesurait environ 3,5m de haut.




On hésite à fixer sa date de disparition officielle, mais il est certain qu’il vivait encore au Moyen-Âge (des tests au carbone 14 le font remonter jusqu’à l’an 1100 après J-C). Certains témoignages affirment qu’il a subsisté jusque dans les années 1800, mais aucune preuve satisfaisante n’a été apportée jusqu’à présent.



Deux hypothèses (qui ne s’excluent pas entre elles) sont avancées pour expliquer la disparition de l’Aepyornis. Des archéologues ont récemment trouvé des restes de coquilles d'œufs parmi d'anciens foyers humains, suggérant que les œufs fournissaient régulièrement des repas pour des familles entières. L’humain aurait-il savouré ce repas facile et nutritif jusqu’à nuire à la reproduction de l’espèce ?

Une autre hypothèse soutient que la disparition totale d'æpyornis sur un laps de temps très court pourrait être la conséquence des maladies transmises par les volailles élevées par les humains. 

Reste que pendant longtemps, on a cru que les œufs fossilisés de l’Aepyornis étaient des œufs de Rokh, l’aigle géant légendaire des contes des Mille et Une Nuits.




Des ratites et des Hommes…

Un nombre appréciable de nouvelles de H.G. Wells ont pour cadre les cabinets de curiosités, les bazars, les brocantes et les halls de collectionneurs. Éventuellement, compte les regrouper en un recueil et les mettre ici à télécharger (certaines sont devenues très difficiles à trouver en français).

Wells a consacré une nouvelle à chaque oiseau discuté dans ce billet, soit Une affaire d'autruches, ainsi que L'Île de l'Æpyornis