Machine à écrire, 1912
Plus que centenaire, cette magnifique Underwood n’est quand
même pas si vieille, les plus anciennes datant presque d’un demi-siècle
auparavant.
Ça me tellement rêver de penser que lorsqu’on a tapé des textes sur
cette machine, les deux Guerres Mondiales n’avaient pas encore eu lieu,
l’Empire Ottoman et l’Empire Austro-Hongrois existaient encore, et ainsi de
suite…
…mais ensuite, je repense à ce strip célèbre de Mafalda
et je deviens plus amer.
Croyez-le ou non, elle pèse plus de 40 livres. C’est un
objet qu’on déplace avec précaution : pas par crainte de l’abîmer, mais
bien par peur de (se) briser quelque chose !
Faut le dire : les choses étaient construites pour
durer, dans le temps. Et elle fonctionne encore ! Le ruban est sec, mais si on
tape sur une feuille, on pourra y voir le texte légèrement embossé.
Une antiquité de grand prix qui m’a été offerte par le
conjoint de ma tante.
Il m’a expliqué que plusieurs Caisses Populaires avaient,
dans des locaux inutilisés, de vieilles machines à écrire, d’anciennes machines
à calculer (dont, parfois, une Curta !), des ordinateurs désuets, du matériel
de bureau antique, etc, etc… lorsqu’il faut vider le local encombré, la règle
consiste à tout jeter aux ordures (!).
(me semble qu’on
pourrait payer quelqu’un les vendre sur le web et se servir des revenus pour
rémunérer le préposé auxdites ventes, puis user du reste pour faire des
ristournes aux membres… ou une à œuvre de bienfaisance… mais bon, je ne crois
pas qu’on va m’écouter si j’en parle en assemblée).
Bref… le monsieur en question (dont je tairai le nom) a
décidé, plutôt que de jeter cette antiquité, de me l’offrir — en me faisant
promettre de ne pas la revendre, bien sûr. Il s’en est aussi gardé une… et m’a
dit avoir été contraint d’en jeter d’autres.
Je lui ai souligné que je serais preneur pour une Curta (mon
rêve !), nous verrons bien ce que l’avenir nous réserve…
Sceau
Il n’a pas fallu longtemps (c’est-à-dire dès les premières
cités qui ont existé, Ur, Sumer, Babylone et ainsi de suite) pour qu’on se
rende compte qu’une impression dans l’argile ou la cire était extrêmement
difficile à copier, les contrefaçons montrant toujours des imperfections et
cela, jusqu’à l’invention des matières plastiques. Pendant toute l’histoire de
l’humanité, les sceaux furent le meilleur moyen d’authentifier un document.
Uniques, ils étaient réalisés par des artisans, généralement sous la
surveillance de gardes de confiance, et le matériel ayant servi à la conception
(esquisses, mesures, moules, etc) étaient détruits sitôt le sceau approuvé.
Mon sceau est purement esthétique et n’a aucune valeur
d’authentification : fabriqué en série et acheté dans une boutique (Le Fou du Roi, dont j'ai déjà parlé), un
possible faussaire n’aurait qu’à fouiner le web pour s’en procurer une copie.
Il me serait plus efficace d’écrire à la main, avec mes pattes de mouche… voilà
qui est inimitable !
J’aime malgré tout me servir de mon sceau dans certaines
circonstances. C’est tout un apprentissage : couler la cire afin qu’elle
soit d’une bonne épaisseur, imprimer la marque afin qu’elle soit bien visible…
Parlant de cire, la meilleure pour cet usage reste celle qui
recouvre les fromages Babybel.
Plume
Ici, c’est un objet purement décoratif : une plume de
corbeau (même pas taillée !) dans une petite fiole que j’ai rempli de peinture
noire et laissée à sécher.
Mais que voulez-vous, ça donne un de ces cachets à
ma surface de travail !
Clé et relais télégraphiques (1898 et 1911)
Sans vouloir déboulonner la statue de Morse, remettons les
choses en perspective.
Primo, Samuel Morse n’a pas inventé le télégraphe. De (très)
nombreux systèmes télégraphiques ont existé plusieurs décennies auparavant. À
ma connaissance, le plus ancien est le télégraphe optique Chappe (1793).
Secundo, il fut démontré, dès 1888, qu’on doit l’invention
du code Morse non pas au Samuel du même nom, mais bien à son assistant, Alfred
Vail.
Reste néanmoins que Samuel Morse est celui qui a conçu le
système le plus efficace et qui a su convaincre les investisseurs de développer
le projet à grande échelle.
On se souviendra que, lors de ma curieuse expédition dans le
hall aux artefacts du musée des sciences et technologies d’Ottawa, en mai
dernier, j’avais eu le coup de foudre pour une clé télégraphique.
Je suis maintenant l’heureux propriétaire d’une clé et d’un
relais télégraphiques.
La clé m’a été envoyée par une des connaissances de mon
jeune ami anonyme. C’est en appuyant sur
la clé (ou manipulateur) qu’on envoie
des impulsions brèves et longues suivant le code Morse.
Le relais, lui, a été acheté chez le même antiquaire qui
liquidait un lot d’objets datant du début du XXe siècle. C’est là que Sonya m’a
offert mon télescope Negretti & Zambra. L’antiquaire (pas les Bolduc mais plutôt un
monsieur Leclerc de St-Hyacinthe) ne savait pas ce qu’était cet objet et me l’a
vendu pour 10$. J’étais assez sûr de mon coup, mais le web m’a confirmé qu’il
s’agissait d’un relais.
On utilisait le relais pour raviver le signal lorsque
celui-ci faiblissait, ce qui arrivait quand la distance à couvrir était grande.
Porte-document sécurisé, 1916
J’ai acheté cet objet pour une bouchée de pain, sans trop
connaître son fonctionnement. C’est l’antiquaire Bolduc (le frère) qui m’a
expliqué ce qu’était cette démonstration flagrante que les ingénieurs et les
gens du commun ne réfléchissent pas de la même manière, et que les seconds
arrivent plus facilement à leurs fins que les premiers.
Donc, à priori, ce tube est un porte-document supposé servir
à acheminer les documents secrets aux officiers britanniques.
En soi, c’est un triomphe d’ingéniosité, si bien que je ne
sais pas si je vais réussir à expliquer correctement le fonctionnement de ce
truc…
Les filets pour visser le capuchon ne sont pas réguliers (et
malheureusement, je ne suis pas équipé côté photographie pour vous les
montrer). Pour ouvrir le tube, il faut connaître la « clé », par
exemple : « trois quarts de tour à gauche, un tour et demi à droite,
un tiers à gauche… ».
On pourrait comparer cela à la version tridimensionnelle des
labyrinthes circulaires.
C'est pas tout à fait comme ça, mais vous comprenez l'analogie...
Et si je "déroulais" le cylindre, ça ressemblerait à ça...
Pour qui ne connait pas cette combinaison de mouvements,
cela peut rendre le processus d’ouverture fichtrement long.
Mais ça ne s’arrête pas là.
À deux endroits, il y a un « piège » : deux
« obstacles » dans le « labyrinthe », deux « murs »
en cuivre (en rouge sur mon schéma approximatif ci-haut).
Si un indiscret décide de procéder par essais et erreurs et
« atteint » un obstacle de cuivre, il crée un contact électrique. En
effet, le capuchon contient une pile électrique et une réserve de poudre. Notre
indiscret génère alors une étincelle qui enflamme la poudre.
(mon exemplaire n’a plus son système explosif, bien sûr. On
peut toutefois voir que l’acide de la pile avait coulé et rongé le métal)
Le tube est hermétique : la quantité d’oxygène qu’il
contient est donc très limitée, ce qui permet que la réaction soit de très
petite envergure. Le tube ne fera pas exploser la main de l’indiscret ; tout au
plus celui-ci sentira une soudaine chaleur.
Reste que le document est irrémédiable détruit.
Un code était généralement buriné sur tube, révélant à qui
savait le déchiffrer la combinaison de mouvements à effectuer.
Enthousiaste, l’Empire Britannique en produisit une première
série.
Ce fut aussi la dernière. Si le processus est fort
ingénieux, il se heurte toutefois à un mode de « piratage » fort
simple : il suffisait à l’ennemi de couper l’autre extrémité du tube avec
une scie à métaux.
(comme je le disais,
les ingénieurs et les gens du commun ne réfléchissent pas de la même manière,
et les seconds arrivent plus facilement à leurs fins que les premiers).
La production fut donc interrompue, la plupart des tubes
détruits (n’ayant pas encore servi), et l’objet devint une petite curiosité militaire
fort peu connue.