Les merveilles du règne végétal avaient leur place, bien
entendu, dans tout bon cabinet : certains étaient même spécialisés en
spécimens botaniques.
Je n’ai vraiment pas le pouce vert et Sonya, en dépit de
toute sa bonne volonté, est à peine plus habile que moi en la matière. J’ai
donc décidé de tenir un herbier dont j’ai déjà exposé quelques spécimens et commencé à ramasser les noix les plus étranges que je croise.
Néanmoins, les canulars sont également nombreux dans les
curiosités végétales. J’ai déjà montré mon prétendu bois du terrible Umdhlebi.
Voici maintenant un classique...
Racine de mandragore
Sur le plan strictement botanique, la Mandragore (ou
Mandragora officinarum) est un végétal appartenant à la grande famille des
solanacées (on peut par exemple citer la pomme de terre et la tomate dans cette
catégorie de plantes) que l'on trouve principalement dans les pays qui forment
le bassin méditerranéen (plus précisément, dans le lit des rivières à sec).
L'aspect visible de la Mandragore prend la forme d'une
touffe végétale (d'une hauteur moyenne de 30 centimètres) composée de larges
feuilles gaufrées, rehaussées de fleurs à 5 pétales de couleur blanche (tirant
sur le verdâtre), bleue ou mauve. A maturité, la plante donne naissance à des
baies comestibles (avec modération) jaunes ou rouges de 3 à 5 centimètres de
diamètre.
Outre son ravissant feuillage, la solanacée est également
pourvue de racines de type pivotant (dotée d'une base droite où s'ajouteront
latéralement d'autres racines) qui peuvent s'enfoncer profondément dans le sol
et atteindre 80 centimètres de longueur pour un poids de plusieurs kilos, dont
la forme générale n'est pas sans rappeler (vaguement) un être humain.
Doté de surnoms divers et variés ("mains de
gloire", "madagloire", "pomme d'amour", "pomme de
chien", "belladone sans tige", "Dudaïm",
"Jabora",...), la Mandragore a été maintes fois associée aux pratiques
magiques. On prétendait jadis que la mandragore poussait un cri mortel lorsqu’on
l’arrachait. Les alchimistes l’attachaient donc à un chien, puis lançaient une
friandise pour que celui-ci arrache la plante et meurt à la place de son maître
(lequel n’a jamais songé, par exemple, à attacher la plante à un lourd tronc qu’il
ferait chuter)…
Traditionnellement, la racine de Mandragore peut servir de
talisman (elle confère à son porteur une certaine protection, la chance, la
richesse et aide les pratiquants des arts divinatoires) ou remplacer les
fameuses statuettes de cire employées dans les envoûtements.
Il s’agissait de pièces très convoitées dans un cabinet.
Voici la mienne :
Creepy……..
En fait, il ne s’agit pas du tout d’une racine de mandragore
mais bien d’un montage de quelques panais séchés.
Voici la procédure :
1) Taillez quelques panais pour faire le tronc et les
membres de votre mandragore factice.
2) Fixer le tout avec des cure-dents.
3) Laissez sécher au soleil. Comme sa cousine la carotte, le
panais est une racine. Il se préservera comme du bois.
4) Coupez les bouts de cure-dent qui dépassent et solidifier
à la Crazy glue.
Fleur de Baara
Malheureusement, il s’agit d’une création de l’histoire
naturelle médiévale que l’on a oublié avec le temps (comme le trolual dont j’ai
déjà parlé). Il s’agit toutefois d’une de mes préférées.
Plante dite « ignée »,
sa fleur ressemble à une flamme. « Cette plante est d'une couleur qui ressemble
à celle du feu. Vers le soir, les rayons qu'elle émet sur ceux qui s'avancent
pour la saisir en rendent la cueillaison difficile. » écrivait Flavius Josephe.
Pierre Boiastuau qui a écrit au XVIe siècle, un livre sur
les prodiges intitulé Histoires prodigieuses, où il prétend qu'elle a une «
couleur & splendeur de flamme, & éclairoit de nuict comme une lampe ». Il nous fournit également une gravure qui
permet de voir que selon lui la Baara n'émet plus des rayons mais est capable de produire
des véritables flammes.
J’adore l’idée d’une plante ignée.
Ma fleur de Baara est une simple célosie plumeuse rouge (celosia
plumosa pyramidalis).
Je l’ai fait sécher la tête en bas, puis mise sous verre.
Ressemblant, non ?
Quête peu connue des alchimistes, la palingénésie consiste à
ramener à la vie divers éléments morts de la nature — par exemple, faire
jaillir un arbre à partir de cendres de bois.
On peut voir ici un portrait de l’alchimiste Paracelse s’adonnant
à cette pratique
par J. Augustus Knapp (1895).
De façon plus générale, la palingénésie est plus simplement
le retour à la vie des divers éléments de la nature. Les plantes se nourrissent
de minéraux, les animaux se nourrissent de plantes, les hommes se nourrissent
des animaux ou de leurs produits ; en respirant, tout vivant assimile germes et
poussières... Dans ce cycle toujours recommencé, les composants de la vie
s'échangent, se redistribuent après la mort. C'est la palingénésie universelle (les alchimistes ne cherchaient pas qu'à produire de l'or. Outre la palingénésie, leurs recherches sur les mécanismes de la vie incluent les quêtes de l'homoncule, du takwin (variante arabe du précédant), de la génération spontanée, de la réanimation des corps et de la panacée universelle)...
J’ai décidé de m’adonner à l’expérience (celle de la palingénésie), ou du moins à
quelque chose qui y ressemble…
J’avais lu un article où un monsieur gardait dans une bouteille
scellée une plante qui vivait depuis 40 ans sans aucun apport extérieur. Un
véritable écosystème fermé !
La décomposition des feuilles fourni le CO2 et les
nutriments, la plante rejette de l’humidité qui s’accumule sur le verre et arrose
le sol. De la vraie palingénésie !
Voici mon humble essai… on verra si la culture "en bouteille" me fera verdir le pouce...
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