mardi 4 janvier 2022

Numismatique de cabinetier

 Côté numismatique, je n’ai pas de pièces dignes d’un Clodjee (sérieux, empressez-vous de lire son étude du monde antique sous l’angle des pièces de monnaie, c’est fascinant !). Ce grand érudit de la civilisation latine possède des pièces extraordinaires. Il est collectionneur lorsqu’on qu’on parle de monnaie et de vieux livres, cabinetier pour les exotica et les artificialia, mais à ma connaissance il ne possède que peu, ou pas, de naturalia des règnes animal, végétal et minéral. Son épouse, l’artiste et quadrifoliiste Miyako Matsuda, compose de son côté de magnifiques arrangements de fleurs séchées, ce qui compense d’une certaine manière.

Bref, tout ça pour dire que c’est lui qui m’a offert mes plus belles pièces anciennes, des pièces de bronze montrant Basile II dit "le tueur de Bulgares", empereur de Byzance entre 976 et 1025.


 

Parce que, pour être honnête, l’état des pièces de monnaie m’importe peu. Vous n’avez qu’à jeter un œil à mes pièces de l’Empire romain.

 


Ce que j’aime, c’est de couvrir un maximum de périodes et de régions ; imaginer toutes les personnes qui ont manipulé ces pièces pour acheter des objets. Je rêve d’avoir cette faculté imaginaire évoquée dans le récit fantastique L'entonnoir de cuir de Arthur Conan Doyle : c’est-à-dire pouvoir rêver le vécu d’un objet comme s’il s’agissait d’un enregistrement. Et techniquement, une pièce usée a davantage de chance d’avoir servi qu’une pièce impeccable…

 

Mes pièces de monnaie antiques ne sont pas d’une qualité qui ferait l’envie d’un collectionneur, mais la plupart sont des curiosités dans ce sens qu’elles ont un petit quelque chose de particulier dans l’histoire de la numismatique.

 

Voici donc quelques-unes de mes pièces préférées, pas pour leur apparence, mais bien pour ce qu’elles évoquent. Ce sont toutes, à leur manière, des curiosités monétaires. 

 

Scyphates byzantins, la monnaie concave (début 1400)

 

Les monnaies scyphates sont des pièces de monnaie en forme de coupe concave, produites en grande quantité par les Byzantins au du XIIe siècle jusqu'au XIVe siècle. Divers métaux ont été utilisés pour ces monnaies très peu épaisses. Leur forme particulière n'a pas d'explication certaine : peut-être une meilleure résistance au pliage.

 

 


 

 

L'akçe ottoman : l’histoire d’un bel échec monétaire 

(avant 1566 selon le ratio volume/poids, dixit mon ami joaillier)

 

L'akçe, souvent appelé "aspre" en français, est une pièce d'argent qui fut l'une des unités monétaires de l'Empire ottoman à partir du XIVe siècle, avant de tomber en désuétude au début du XIX siècle.



Sa frappe est attestée à Bursa pour la première fois au cours du règne d'Orkhan. L'akçe pesait alors environ 1,15 g d'argent plus ou moins cuivré. Elle n'a pas de succès au Maghreb, où elle restera très rare, car peu pratique. Par la suite, on se mettra à abaisser la part d'argent pur contenu dans l’akçe et donc d'augmenter la part de cuivre. En 1566, une nouvelle dépréciation eut lieu, qui fut suivie par une dévalorisation progressive et irrémédiable de l'akçe qui ne contenait plus que 0,306 g d'argent en 1618. En 1688, l'akçe n'a plus que 0,21 g d'argent. C'est sous Mahmoud II (1808-1839) que la dernière pièce de 1 akçe est frappée, les dévaluations successives font que l'akçe ne contient alors plus que 0,01 g d'argent, si peu qu'elle est démonétisée.


 

Les cobs (parmi lesquels les pièces de huit) : les pièces des pirates (1606 - 1651)

Les macuquinas, également connus sous le nom de « cobs», étaient largement utilisés dans les transactions locales en Amérique, bien que leur mauvaise qualité ait suscité de nombreuses plaintes. La forme irrégulière de la macuquina invitait à l'écrêtage, entraînant un nombre toujours plus grand de pièces en dessous du poids légal. Les pièces coupées avaient tendance à migrer avec un petit profit dans le commerce vers les villes ayant besoin de pièces (souvent celles qui préparaient une flotte pour naviguer) où l'argent fort était accepté à sa valeur nominale ou presque.


Les cobs sont les "pièces des trésors" dont on entend parler dans les récits d'aventure. Frappés et taillés à la main du XVIe au XVIIIe siècle dans les ateliers monétaires espagnols du Mexique, du Pérou et de la Colombie (entre autres), les cobs  étaient généralement acceptés comme une bonne monnaie dans le monde entier. Celles portant un huit en chiffres romains (VIII) étaient les fameuses pièces que les pirates appelaient "pièces de huit".



Le duit VOC : la pièce de monnaie contrôlée par une compagnie privée (1786)

Le duit était une pièce de monnaie hollandaise en cuivre d'une valeur de 2 penning. En Indonésie néerlandaise, 4 pièces de duit équivalaient à un stuiver . Pour empêcher la contrebande, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) a commandé des pièces spéciales portant leur monogramme en relief. Seules ces pièces étaient valables en Indonésie, ce qui rendait la Compagnie économiquement toute-puissante : même la noblesse ne pouvait faire de commerce dans les colonies indiennes avec la monnaie néerlandaise « normale ».


Le duit VOC est également appelé « penny de New York » en raison de son utilisation comme unité monétaire coloniale dans la Nouvelle-Amsterdam néerlandaise (eh oui, jadis New York était une colonie de Hollande).

 

 

 

 

 

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