mardi 25 janvier 2022

Les souvenirs d'un bijou

 Lorsqu’on pense à l’archéologie, on imagine Carter découvrant le tombeau de Toutankhamon ou les spécialistes du Shaanxi mettant à jour le mausolée de Qin. 


Mais dans l’essentiel, la compréhension du passé se fait de manière beaucoup plus humble. Le biface qu’un anonyme homme des cavernes a façonné, des fragments de poterie d’humbles paysans, des boucles de ceinture de légionnaires, des pièces de monnaies usées, des aiguilles, des porte-bonheurs, des figurines, des outils, des socs de charrue, des tablettes d’argiles où figurent des inventaires d’entrepôt, des fers à cheval, des poêles en fonte, des bouteilles, de la vaisselle, etc, etc, etc…


C’est par les objets laissés par monsieur et madame Tout-le-Monde qu’on comprend le quotidien d’une société ainsi que son niveau de vie moyen. On ne pourrait, par exemple, se baser sur le sarcophage d’un pharaon pour déterminer la richesse d’un paysan égyptien. 


Et c’est pour cela que les objets les plus modestes, les plus humbles, me fascinent autant. Dans la littérature d’imaginaire, on voit souvent des exemples d’un don psychique fictif permettant de « voir » le passé de l’objet — vous vous doutez bien que j’en rêverais ! Vous imaginez par combien de mains sont passées les pièces de monnaies de l’Empire romain ? 


...bon, voir l’Histoire du « point de vue » d’une pièce de monnaie doit être assez plate, considérant qu’elle passait son temps dans une bourse ou un coffret, et n’était sortie que pour être réempochée. 


Mais un bijou, voilà un bon "témoin" ! Suivant ce rêve de voir ce que l'objet a "vu", un bijou serait un candidat idéal. Au contraire d'une pièce de monnaie, un bijou est toujours exposé à la vue, bien en évidence. En plus, on le porte pour les événements importants, alors les chances d'assister à de scènes marquantes sont élevées.


Donc, les bijoux et ornements modestes, utilisés par Monsieur-Madame Tout-le-Monde au cours des événements qui leur tenaient à coeur, seraient selon moi d'excellents témoins de la vie quotidienne au cours des époques passées.


Au cours de 2022, je ferai la présentation de certains des bijoux antiques que je possède.



Jonc romain de style thrace, circa 300 ap. JC.


Les Romains étaient très friands de bijoux, portant souvent une bague à chaque doigt - et parfois même à la deuxième et à la troisième jointure de chaque doigt. Ils avaient également un penchant pour de nombreuses autres formes de bijoux personnels, notamment les bracelets portés à la fois sur l'avant-bras et le haut du bras, les boucles de ceinture, les chaînes, les pendentifs, les boucles d'oreilles, les épingles à cheveux et les broches. 


J’ai le privilège de posséder une bague en bronze exceptionnellement bien conservée datant du IVe siècle après J.-C. La bague montre beaucoup d'usure, mais l'état de conservation est remarquable. 




Plusieurs bagues de ce modèle furent fabriquées juste avant la chute de l’Empire Romain. D’inspiration thrace, le modèle de jonc en losange fut très populaire durant cette période. On en trouve de nombreux exemplaires sur les sites archéologiques de la ville de Rome, mais aussi en Bulgarie et en Serbie.  


Le site officiel du Vatican vend d’ailleurs plusieurs artefacts historiques mineurs (j’ose espérer qu’il s’agit d’une source fiable). L’un des bijoux historiques proposé est un jonc en losange comme le mien — on peut en voir un peu partout sur les sites spécialisés, toujours dans les mêmes prix, mais rarement en aussi bon état que le mien.   





L’importance de l’usure laisse à croire que ma bague a été portée pendant plusieurs vies - transmises de génération en génération. Dans la mesure où cette bague a été produite en une seule pièce, elle a un aspect moderne et élégant malgré le fait qu'elle a seize ou dix-sept siècles. Son ton sombre et riche est caractéristique du bronze ancien. 

Même sous la lentille d'un joaillier, il y a peu de dégradation discernable due à la corrosion ou à l'oxydation (la plupart des petits artefacts comme celui-ci souffrent d'une dégradation importante). 

Elle est cependant très petite (les gens n’étaient pas grands à l’époque). Ma conjointe, qui prétend mesurer 5'2" (avec ses souliers à talons, je suppose), ne peut glisser ce bijou qu’à son petit doigt.



Il s'agit d'une autre pièce boudée par les musées et les institutions d'enseignement supérieur provenant de la collection du regretté professeur dont j'ai hérité de la pointe d'épieu Bura --- une collection se consacrant uniquement à l'Histoire de la métallurgie.  


Je n'ai pas encore déterminé quel genre de présentoir j'allais utiliser. Je songe à un petit globe de verre, à moins que je ne fasse un cadre vitré consacré à tous mes objets romains : pointe de flèche, monnaie, bijoux, attache de bride et grelot. 


C'est donc prétexte supplémentaire pour aller visiter l'exposition Pompéi, Cité immortelle au Muz' d'la Civ. Non seulement j'ai toujours adoré les visites en musée mais désormais, j'y puise également de l'inspiration pour créer des présentoirs.

Je vous en reparlerai !








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