J’ai toujours eu une certaine fascination pour la chirurgie à l’époque où elle n’était pas pratiquée par des médecins. Pendant longtemps, les médecins étaient des théoriciens réputés alors que les chirurgiens étaient considérés comme des travailleurs manuels de basse extraction. En effet, un médecin n'a pas le droit d'exercer une profession manuelle pour en tirer profit. Pour cette raison, les actes chirurgicaux leur sont aussi interdits.
Ceux-ci sont donc assurés par les barbiers, qui en plus des
coupes de cheveux, des bains et des étuves, traitent les plaies, incisent les
abcès, pratiquent les saignées… après diagnostic d'un médecin.
Soins chirurgicaux selon un
manuscrit anglais du XIe siècle : à gauche, patient atteint de goutte aux pieds
que l'on incise et cautérise, à droite en haut patient atteint de hernie
inguinale, à droite en bas opération des hémorroïdes.
Au XIXe siècle, la chirurgie retrouve la noblesse qu'elle avait perdu depuis l'Antiquité grâce à certains chercheurs qui engendreront la « révolution chirurgicale des trois A » :
L'Anesthésie (à partir de 1846) avec Wells et Morton ;
L'Antisepsie (à partir de 1867) avec Lister ;
L'Aseptie (à partir de 1886) avec Pasteur .
Cette révolution aurait permis aux chirurgiens d'opérer plus largement, sans être limité par la douleur ou les risques infectieux. La réglementation devient plus sévère et des lois, d'abord locale puis nationale, interdisent la pratique de la chirurgie ambulante (pratiquée par un quidam qui était parfois un artisan talentueux dépositaire d'un savoir empirique transmis par un mentor, mais le plus souvent un rebouteux charlatan). Les sept dernières opérations à avoir été autorisées par des guérisseurs ambulants furent le retrait des cataractes, l'arrachage des dents, la saignée, la pose des sangsues, le traitement de la goutte, le retrait des hémorroïdes et l’ablation des amygdales.
C’est d’ailleurs de cette dernière opération, nommée amygdalectomie,
dont je vais vous entretenir aujourd’hui, car je viens de mettre la main sur quelques
outils chirurgicaux de la fin du XIXe siècle, dont cet Amygdalotome de Fahnestock (modèle le plus "moderne", datant de 1898),
joyeusement surnommé la « guillotine à amygdales ».
L’amygdalectomie est pratiquée depuis l'Antiquité. À l'origine, elle se faisait soit en les arrachant avec les doigts, soit au couteau après ligature du pédicule.
L'amygdalotome dit "à fourchette" apparait au XIXe siècle. Il s'agit d'une lunette de métal devant laquelle passe une lame qui tranche l'amygdale d'un seul coup, d'où son surnom de guillotine.
Cet outil particulièrement inquiétant fonctionnait à la manière d'une véritable guillotine et permettait de retirer les amygdales infectées.
Cet outil fût cependant remplacé au début du XXème siècle à cause du fort taux d'hémorragie lors des opérations et de la nature imprécise de la machine, qui laissait souvent des restes d'amygdales.
Aujourd'hui, on s'est aperçu que les amygdales, organe lymphoïde, ont un rôle important et que les retirer supprime une barrière immunitaire pouvant, notamment, déclencher des bronchites asthmatiformes. D'où le fait que leur ablation est beaucoup plus rare qu'auparavant.
J'ai un joli lot d'outils que je présenterai de temps à autre sur le blog et croyez-moi, la plupart sont aussi terrifiants que celui-ci.
De quoi se réjouir des progrès de la chirurgie !
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