Les sciences naturelles (et les grands explorateurs
naturalistes) sont pour moi une passion depuis l’enfance. Comme beaucoup d’enfants,
j’y suis venu en m’intéressant d’abord aux dinosaures. Toutefois, un élément
majeur allait vite me permettre d’élargir mes horizons : j’avais tout
juste six ans quand mon oncle Marcel m’apportant, sur une VHS, un documentaire
sur la paléontologie qu’il avait enregistré pour moi à Radio-Québec. C’était l’un
des vieux documentaires de la National Geographic (vous vous souvenez du thème
? Tata-tataaa-ta, tata-tata, tata, tata,
ta !)
Ce qui était bien, c’est que l’épisode suivant était annoncé à la fin
et, dans ce cas précis, il s’agissait sur la faune du Zaïre (aujourd’hui République Démocratique du Congo)
et on pouvait apercevoir, dans l’extrait, un okapi… quel choc ! Dans les années
80, la plupart des adultes ignoraient l’existence de cet animal — alors imaginez
un enfant de six ans ! Il n’en fallait pas moins pour me convaincre d’écouter
le documentaire de la semaine suivante, puis le prochain… vinrent vite s’ajouter
les films du Commandant Cousteau et les épisodes d’Omnisciences (« l’ancêtre » de Découvertes, animé par la sémillante Claire Pimparé, alias
Passe-Carreau).
J’en suis vite venu à rêver d’être un explorateur, arpentant
des contrées inconnues pour en recenser la faune et la flore.
Un album m’a d’ailleurs spécialement marqué à ce sujet :
Les derniers Géants, de François
Place. Mon parrain me l’avait offert pour mes neuf ans.
Il s’agit d’un conte extraordinaire, fascinant et sensible,
avec une finale coup-de-poing qui m’a bouleversé. J’en recommande la lecture,
même une fois adulte. Le personnage principal, Archibald Leopold Ruthmore, est
un scientifique naturaliste du XIXe siècle des plus représentatifs.
Jetez un œil à son bureau :
Cette illustration m’a profondément marqué. Enfant, je
pouvais passer d’interminables moments à scruter cette image, analysant chaque
détail, inventant une histoire pour chaque élément. Je m’étais juré que j’aurais,
un jour, un bureau comme celui-là — avec
un cabinet aux curiosités comme celui de Rodolphe II de Habsbourg, vu dans un
documentaire.
C’est donc ce rêve que je réalise à travers l’élaboration de
mon cabinet.
Avec l’émerveillement que seul un enfant peut avoir, j’observais
la nature et je la dessinais en imitant les planches d’Archibald montrées dans
l’album et celles du vieux dictionnaire (dont j’ai déjà parlé dans le billet
sur les livres anciens).
C’est peu de temps après cela que mes parents ont décidé de m’offrir
mon premier « Les yeux de la découverte » de chez Gallimard. Quels
beaux ouvrages, s’adressant autant aux enfants qu’aux adultes !
Celui sur les insectes fut le premier que j’ai reçu, mais j’en
ai eu neuf au total, au gré des anniversaires et des fêtes de Noël.
Je les ai gardés précieusement jusqu’à ce que, quelques
années plus tard, on décide de faire du « ménage » contre mon gré
dans ma bibliothèque et qu’on s’en débarrasse. Qu’à cela ne tienne, je suis en
train de reconstituer ma collection grâce aux bouquineries !
En sixième année, à la suggestion d’une enseignante, j’ai
découvert Jules Verne. Mes deux récits favoris resteront toujours Vingt Mille Lieues sous les Mers et Voyage au Centre de la Terre qui se
rapprochaient le plus de mes rêves d’exploration.
D’autres récits m’ont fait vibrer de la même façon : L’Île aux fossiles vivants d’A. Massepain,
Le monde perdu d’A. Conan Doyle, d’autres
Verne bien évidemment… pour ne citer que ceux-là.
Pour mes 13 ans, ma grand-mère paternelle m’a offert l’extraordinaire
ouvrage Les grands explorateurs, chez
Larousse. Une énorme brique, aux illustrations splendides, qui m’a fait
découvrir Charles Darwin, Othniel Charles Marsh, le fameux docteur Livingstone,
Richard Burton, les naturalistes de Cook et Magellan et ainsi de suite…
…de véritables « Archibald Leopold Ruthmore »
comme dans Les derniers Géants ! Me faire voler cet ouvrage l’année suivante
fut l’un des grands drames de mon enfance (le pire étant que j’ai toujours soupçonné
la stagiaire en classe de géographie) mais encore là, une bouquinerie m’a permis
d’en retrouver un exemplaire. Ce qui importe c’est que, par la suite, je me
suis mis à lire sur les grands scientifiques du XIXe siècle et devenir curieux
du monde qui m’entoure avec l’envie de tout connaître sur tout.
Un trait de personnalité qui ne m’a jamais quitté.
En conclusion, je citerai Darwinia, le roman qui m’a le plus
récemment fait vivre l’ivresse d’explorer une terre inconnue…