Blogger semble mal digérer les copier-coller provenant de Microsoft Word. Il en résulte divers bugs d'affichages. Je suis passé au bon vieux codage HTML pour tenter de rendre le billet sur l'opium à nouveau lisible. Signalez en commentaire si la situation se reproduit.
Un blog où j'expose ma passion pour les merveilles scientifiques et étrangetés naturelles du passé à travers la création méticuleuse d'un environnement de travail thématique.
lundi 27 septembre 2021
De si beaux objets de mort…
(Très très
bref) survol de l’histoire de l’opium
Les Sumériens connaissaient déjà les effets de l'opium comme en témoignent des tablettes gravées datant de 3000 ans av. J.-C. et des vestiges du néolithique suggèrent déjà des cultures de pavot somnifère à proximité des villages.
L'opium a été un objet de commerce pendant des siècles pour ses effets sédatifs. Il était bien connu dans la Grèce antique sous le nom d'opion (« jus de pavot ») duquel le nom latinisé actuel est dérivé et déjà à l'époque les médecins mettaient en garde contre les abus potentiels. Le Nepenthes, « breuvage d’oubli » consommé dans l’Odyssée, était possiblement imaginé à partir de l’opium.
À la cour impériale de Chine, constamment à la recherche de raffinements nouveaux, l’opium acquit peu à peu une réputation d’aphrodisiaque grâce à sa capacité à retarder la jouissance, pour ainsi « préserver son essence vitale » et augmenter sa longévité. Posséder de l’opium pouvait alors conférer un prestige inouï.
Les pipes à opium des riches étaient des œuvres d’art pouvant valoir une vraie fortune.
En voici…
Dès le XVIIIe siècle, la Chine fait état d'un phénomène de consommation abusive, et en 1729 l'empereur de Chine interdit - sans résultat - les importations d'opium.
Une ancienne affiche de sensibilisation
Ceci engendrera la première Guerre de l’Opium en raison de la volontés des autorités chinoises de mettre un terme au trafic d'opium orchestré par les Britanniques. La marine britannique défait les Chinois en utilisant des navires et des armes technologiquement supérieurs, et les Britanniques imposent un traité forçant l'ouverture du commerce avec la Chine et leur cédant à perpétuité l'île de Hong Kong.
L’opium peut de nouveau circuler librement.
L’une des aventures du célèbre Sherlock Holmes, la nouvelle The Man with the Twisted Lip, se déroule
sur un arrière-plan de fumerie d’opium : le docteur Watson est appelé tard
dans la nuit par une amie de sa femme. Son mari a disparu depuis plusieurs
jours et, comme il est opiomane, elle est sûre qu'il a été se droguer dans une
dangereuse fumerie.
La consommation et le trafic d'opium sont un thème récurrent des aventures de Tintin, qui revient dans Les Cigares du pharaon, Le Lotus bleu et Le Crabe aux pinces d'or.
Dans l'œuvre de Dumas Le Comte de Monte-Cristo, le héros consomme régulièrement de l'opium pour ses effets sédatifs.
L’image de fumerie d’opium, afin de s’évader dans une autre réalité, a fortement influencé la science-fiction. Les « 1.5 » (les dépendants à la réalité virtuel, hésitants entre les nécessités du monde réel — Monde 1.0 — et du monde virtuel — ou 2.0) sont un exemple.
Sous la forme de laudanum, on peut le voir dans Frankenstein de Mary Shelley lorsque l’éminent docteur utilise du laudanum pour l'aider à s'endormir après la mort d’un ami. Dans Dracula de Bram Stoker, le Comte se sert de laudanum pour endormir les servantes de Lucy.
Dans la série de romans Les
Aubreyades de Patrick O'Brian le chirurgien du vaisseau, Stephen Maturin,
utilise la drogue dans l'exercice de son métier, et lutte contre sa propre
addiction à celle-ci.
Et en terminant, je m’en voudrais de ne pas rappeler que Laudanum
est aussi le nom d'un camp retranché qui abrite une garnison de légionnaires
dans les albums d'Astérix.
mercredi 22 septembre 2021
Le Chasseur de Dragons
Il est le maître du ciel. Rien ne l'attaque. Alors pourquoi aurait-il jamais levé les yeux ?
- Jake
Sully, Avatar
En anglais, on nomme les libellules dragonflies, soit « mouches-dragons ». C’est un nom qui leur va spécialement bien : ce sont de redoutables carnivores aux sens hyper-efficaces qui volent à une vitesse exceptionnelle et au corps de couleurs flamboyantes.
Et parmi les dragons règne le Seigneur des Dragons, le tout-puissant Hagenius, nommé en anglais Dragonhunter soit « Chasseur de Dragons ». Unique de son espèce, maitre des tourbières, il est beaucoup plus gros que les autres libellules et se nourrit principalement de celles-ci.
D’ailleurs, cette relation entre les libellules et le Hagenius a directement inspiré (dixit James Cameron lui-même) la relation entre les banshee et le leonopteryx dans le film Avatar.
Lors d’un voyage en camping sauvage avec ma fille, j’ai découvert au bord de l’eau une petite rareté : une exuvie de Hagenius brevistylus.
Vous remarquerez que cette exuvie est plutôt étrange, large et plate, alors que la plupart des formes immatures des libellules sont de petits chasseurs effilés.
Forme juvénile de Hagenius
C’est que Hagenius est une espèce monotypique (elle est la seule de sa gang) et c’est celle qui garde le plus de traits ancestraux comme l'espacement entre les yeux au-dessus de la tête et une asymétrie au niveau du thorax. Les Hagenius possèdent aussi des caractéristiques distinctes évolutives comme un ovipositeur réduit à une paire minuscule de lamelle. Une forme juvénile plate et large est également un trait ancestral.
En fait, c’est la libellule actuelle la plus proche des libellules préhistoriques qui, elles, pouvaient atteindre la taille de certains petits rapaces dont elles occupaient la niche écologique.
Mais revenons à notre Chasseur de Dragons.
Hagenius vole beaucoup plus vite que les autres libellules qui, déjà, sont plutôt rapides. La plupart volent à 50km/h en sprint avec une vitesse moyenne de 16 km/h. Mais Hagenius les dépasse amplement, avec des pointes de vitesse à 88km/h. C’est ainsi qu’il poursuit les autres libellules, monte plus haut qu’elles, puis fond directement sur elles. En général, il leur sectionne la tête au premier contact, puis s’en va dévorer le reste du corps tranquillement (oui, exactement comme dans Avatar, encore une fois).
J’ai été spécialement chanceux de trouver une exuvie de Hagenius car, la plupart du temps, notre créature dévore sa propre mue afin de reprendre des forces après en avoir émergé ; ainsi, les exuvie de Hagenius sont très difficiles à trouver dans la nature. La plupart des collectionneurs vont élever Hagenius en vivarium, puis lui retirer son exuvie pour lui donner une autre proie à la place.
Je n’ai pas capturé de Hagenius au Parc national (j'en ai vu plusieurs mais, tsé, chasser sur une réserve…) mais je me suis autorisé à ramasser l’exuvie, qui n’est qu’une coquille vide et qui ne manquera certainement pas aux micro-organismes chargés de sa décomposition.
Je compte bien me mesurer au Chasseur des Dragons, dit le Seigneur des Tourbières, dès l’été prochain.
vendredi 17 septembre 2021
Herbier tridimensionnel
Comme tout bon cabinetier, je dispose d’une belle collection Naturalia divisée trois catégories, selon les trois règnes — Animal, Végétal et Minéral, ceux-ci étant de nouveau divisés en sous-catégories diverses.
Afin de représenter le règne végétal, j’ai un herbier assez bien fourni (plus de 200 espèces). Le problème, c’est que c’est plutôt fragile et j’hésite beaucoup à laisser des visiteurs le consulter. De plus, ça n’attire pas beaucoup le regard, ce qui fait que le règne végétal semble un peu sous-représenté. J’ai encadré quelques spécimens, mais dans une pièce aux murs couverts d’étagères, je n’ai que très peu de place sur les murs, où j’accroche aussi des cartes antiques (authentiques ou des copies cheap), des masques, de l’art naturaliste et j’en passe.
C’est en me promenant au quartier chinois que l’eurêka m’est venu, en entrant dans une pharmacie traditionnelle.
Exposer mes spécimens en pots comporte de nombreux avantages. D’une part, le végétal n’est pas aplati sous une presse, ce qui permet de le représenter « en trois dimensions », tel qu’il pousse dans la nature. D’autre part, les visiteurs peuvent voir d’un coup d’œil un bon nombre de spécimens sans toucher quoique ce soit.
De plus, il est possible de préserver certains spécimens qui ne pourraient normalement pas l’être, comme des tubercules, des mousses ou des champignons ne supportant pas la déshydratation, en jouant avec les proportions d’alcool isopropylique, d’alcool éthylique, de peroxyde d’hydrogène, de sel, de bicarbonate et de borax. Il faut expérimenter un peu, mais les résultats en valent la peine.
Tubercule d'Apios americana, la glycine tubéreuse, une plante rustique du Québec qui fourni des haricots comestibles ET des patates comestibles, en plus de ne nécessiter aucun engrais, d'avoir une valeur nutritionnelle très élevée, d'être adaptée à notre climat et d'être très productive. Elle n'est pas cultivée commercialement et je compte bien expérimenter dans mon potager l'an prochain.
Ce clavaire est une sorte de champignon que je tenais à préserver uniquement parce qu'il semble tombé d'une autre planète ou d'un décor lovecraftien (les deux ne s'excluant pas mutuellement).
Pour le séchage, je procède comme le fond les amateurs de fleurs séchées et les épicuriens friands d’herbes aromatiques : je pends tout simplement par la tige et j’attends.
Le résultat est plutôt réussi (je devrais dire était ; j’ai déménagé et je suis dans les rénos alors je n’ai pas encore de présentoir pour montrer l’effet général) et ce la m’a même poussé à repenser mon concept de champignons forestiers, pour passer de ce coffre…
…à ce dôme.
Il me reste encore à étiqueter pour que le tout ressemble à ces spécimens du XIXe siècle.
Je dois dire que je procrastine sur l’identification. La botanique n’est pas mon sujet favori. Pourtant j'adore la mycologie, allez trouver l'erreur ! De même que la zoologie, l’entomologie, la minéralogie, la conchyliologie, la paléontologie et autres sciences liées aux Naturalia — notez qu'il y a deux ans, la conchyliologie et la minéralogie me laissaient plus tiède. Mais le fait de collecter des spécimens, de me laisser émerveiller par leur apparence, leurs propriétés, m’a poussé à vouloir les identifier et de découvrir plein de choses fascinantes à leur sujet.
Idem, donc, pour la botanique : pour l’instant, je collecte au gré de mon émerveillement et de ma curiosité. Viendra un moment où j’aurai envie de percer à jour l’identité de mes spécimens.
Ce jour-là, je le sais, je risque de me coucher à des heures pas possibles, absorbé par mes découvertes…