Comme tout bon cabinetier, je dispose d’une belle collection Naturalia divisée trois catégories, selon les trois règnes — Animal, Végétal et Minéral, ceux-ci étant de nouveau divisés en sous-catégories diverses.
Afin de représenter le règne végétal, j’ai un herbier assez bien fourni (plus de 200 espèces). Le problème, c’est que c’est plutôt fragile et j’hésite beaucoup à laisser des visiteurs le consulter. De plus, ça n’attire pas beaucoup le regard, ce qui fait que le règne végétal semble un peu sous-représenté. J’ai encadré quelques spécimens, mais dans une pièce aux murs couverts d’étagères, je n’ai que très peu de place sur les murs, où j’accroche aussi des cartes antiques (authentiques ou des copies cheap), des masques, de l’art naturaliste et j’en passe.
C’est en me promenant au quartier chinois que l’eurêka m’est venu, en entrant dans une pharmacie traditionnelle.
Exposer mes spécimens en pots comporte de nombreux avantages. D’une part, le végétal n’est pas aplati sous une presse, ce qui permet de le représenter « en trois dimensions », tel qu’il pousse dans la nature. D’autre part, les visiteurs peuvent voir d’un coup d’œil un bon nombre de spécimens sans toucher quoique ce soit.
De plus, il est possible de préserver certains spécimens qui ne pourraient normalement pas l’être, comme des tubercules, des mousses ou des champignons ne supportant pas la déshydratation, en jouant avec les proportions d’alcool isopropylique, d’alcool éthylique, de peroxyde d’hydrogène, de sel, de bicarbonate et de borax. Il faut expérimenter un peu, mais les résultats en valent la peine.
Tubercule d'Apios americana, la glycine tubéreuse, une plante rustique du Québec qui fourni des haricots comestibles ET des patates comestibles, en plus de ne nécessiter aucun engrais, d'avoir une valeur nutritionnelle très élevée, d'être adaptée à notre climat et d'être très productive. Elle n'est pas cultivée commercialement et je compte bien expérimenter dans mon potager l'an prochain.
Ce clavaire est une sorte de champignon que je tenais à préserver uniquement parce qu'il semble tombé d'une autre planète ou d'un décor lovecraftien (les deux ne s'excluant pas mutuellement).
Pour le séchage, je procède comme le fond les amateurs de fleurs séchées et les épicuriens friands d’herbes aromatiques : je pends tout simplement par la tige et j’attends.
Le résultat est plutôt réussi (je devrais dire était ; j’ai déménagé et je suis dans les rénos alors je n’ai pas encore de présentoir pour montrer l’effet général) et ce la m’a même poussé à repenser mon concept de champignons forestiers, pour passer de ce coffre…
…à ce dôme.
Il me reste encore à étiqueter pour que le tout ressemble à ces spécimens du XIXe siècle.
Je dois dire que je procrastine sur l’identification. La botanique n’est pas mon sujet favori. Pourtant j'adore la mycologie, allez trouver l'erreur ! De même que la zoologie, l’entomologie, la minéralogie, la conchyliologie, la paléontologie et autres sciences liées aux Naturalia — notez qu'il y a deux ans, la conchyliologie et la minéralogie me laissaient plus tiède. Mais le fait de collecter des spécimens, de me laisser émerveiller par leur apparence, leurs propriétés, m’a poussé à vouloir les identifier et de découvrir plein de choses fascinantes à leur sujet.
Idem, donc, pour la botanique : pour l’instant, je collecte au gré de mon émerveillement et de ma curiosité. Viendra un moment où j’aurai envie de percer à jour l’identité de mes spécimens.
Ce jour-là, je le sais, je risque de me coucher à des heures pas possibles, absorbé par mes découvertes…
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