lundi 18 octobre 2021

Quelques lectures de cabinetier

Cette fois, plutôt que des fictions ou des documentaires, je propose des œuvres consacrées à l’émerveillement face à la nature qui nous entoure. Comme ce sont deux ouvrages libres de droits, je vous donne même des liens pour le téléchargement.


Histoires Naturelles 

Jules  Renard


Un auteur français trop méconnu qui dispose d’une plume à la fois précise, poétique et parfois grinçante. On lui doit des portraits réalistes des mœurs paysannes, mais c’est pour ses histoires naturelles qu’il fait partie de mes auteurs coup de cœur. 



Je l’ai découvert totalement par hasard — en fait, mon frère Maxime l’a découvert. Il y avait une foire aux livres à l’Université avec une grande table des romans « Classiques Français » chez Maxi-Poches, tous à 1$. J’y avais ramassé « Sans Famille » d’Hector Malot, quelques Hugo, des recueils de Verlaine et Baudelaire…  mon frère avait ramassé « Histoires Naturelles » totalement par hasard et y avait pigé quelques pages. Voici précisément les extraits qu’il m’avait lu à haute voix.


Le ver luisant 

Que se passe-t-il ? Neuf heures du soir et il y a encore de la lumière chez lui.

Le hanneton

Un bourgeon tardif s’ouvre et s’envole du marronnier. Plus lourd que l’air, à peine dirigeable, têtu et ronchonnant, il arrive tout de même au but, avec ses ailes en chocolat.

L’écureuil

Leste allumeur de l’automne, il passe et repasse sous les feuilles la petite torche de sa queue. 


Il n’en fallait pas davantage pour nous convaincre — d’ailleurs toute l’œuvre est de cette même eau. Ce sont de petits instantanés sur la faune et la flore ou de courtes scènes, moitié poésie, moitié descriptif, 100% émerveillement.


Un bon lecteur de 4e année primaire n’aura aucune difficulté avec le texte, bien qu’il soit agréable à lire peu importe l’âge qu’on a.


Pour télécharger, on copie-colle cet URL.


https://www.ebooksgratuits.com/newsendbook.php?id=550&format=pdf




Souvenirs entomologiques

Jean-Henri Fabre


Alors ici, c’est plus costaud : une série en dix volumes, mais divisée en chapitres qu’on peut lire dans n’importe quel ordre, laissant passer des jours ou des années entre chaque lecture, bien qu’il soit difficile de déposer le bouquin une fois qu’on y est plongé.

C’est le prof d’écologie/biologie au secondaire qui m’avait proposé ce livre — enfin, « proposer » c’est vite dit, parce que j’étais si dérangeant en classe que le seul moyen de me la fermer était de me laisser lire, alors le pauvre monsieur Langevin avait sorti le plus gros bouquin de l’armoire vitrée et l’avait jeté plus qu’il ne l’avait déposé sur mon bureau. Au fil de mes cinq années de secondaire, j’ai grappillé de-ci, de-là, une trentaine de chapitres à travers les dix volumes (surtout quand les cours de bio n’avaient ni nouvelle matière, ni séance de laboratoire). 



Jean-Henri Fabre est non seulement un grand entomologiste, mais aussi un magnifique vulgarisateur, au meilleur sens du terme. Avec lui, l'homme ne s'efface pas devant le scientifique, il est toujours présent. Il nous entraîne, tout au long des 10 volumes de ses souvenirs, dans la passionnante découverte du monde inconnu des insectes. 


Vous pouvez imaginez le monsieur comme un grand oncle qui vous raconte ses histoires de pêches, à ceci près qu'il va à la pêche aux insectes ; ou comme un prof sympathique qui vous narre ses expériences de jeunesse en faisant rigoler toute la classe. Il y a quelque chose de tellement chaleureux, tellement candide --- et en même temps, tellement fascinant et tellement intelligent --- dans l'écriture de Fabre qu'on s'imagine très facilement lui payer une bière en échange qu'il daigne bien passer la soirée à conter ses aventures.  


C’est en se basant sa manière de narrer, pleine d’analogies et de poésie, que les premiers documentaires « grands publics » furent conçus (comme ceux qu’on trouve de nos jours à Découvertes ou The Nature of Things). Je trouve aussi que l'écriture de monsieur Futurible --- l'un des dignes lecteurs de ce blogue --- ressemble beaucoup à celle de Fabre, bien que plus contemporaine dans le style.


Car la narration de Fabre a de l’âge et peut sembler lourde au premier contact ; néanmoins, une fois qu’on est familiarisé avec le style, ça devient passionnant. Et que dire de sa démarche scientifique si limpide, si intelligente... on dirait parfois un polar scientifique, où les meurtriers et les voleurs sont des insectes tuant des proies et dérobant du crottin !


Voici un extrait, pour présenter le type de narration, où Fabre nous raconte ses (més)aventures alors qu'il tente en vain d'élever des bousiers en captivité (ces scarabées qui se nourrissent de bouses et roulent leur repas en grosse boules.  


    "Jamais expérience entomologique ne me valut autant de déboires. Le difficile était le renouvellement des vivres. Mon propriétaire avait écurie et cheval. Je gagnai la confiance du domestique, qui rit d'abord de mes projets, puis se laissa convaincre par la petite pièce blanche. Chaque déjeuner de mes bêtes me coûtait vingt-cinq centimes. 

    Budget de bousier n'avait jamais sans doute atteint un pareil chiffre ! 

    Un jour le maître survient au moment de l'opération ; il s'imagine que tout son fumier déménage et que je détourne au profit de mes narcisses ce qu'il réserve pour ses choux. Vainement j'essaie d'expliquer la chose : mes raisons paraissent plaisanteries. Joseph est houspillé, traité de ceci, traité de cela, et menacé d'être congédié s'il recommence. On se le tint pour dit.

    Il me restait la ressource d'aller sur la grande route cueillir honteusement, à la dérobée, dans un cornet de papier, le pain quotidien de mes élèves. Je l'ai fait et je n'en rougis pas. Quelquefois le sort me favorisait : un âne déposait son offrande en passant devant ma porte. Telle aubaine, aussitôt recueillie, m'enrichissait pour quelques jours. 

    Bref, rusant, guettant, courant, faisant de la diplomatie pour une bouse, je parvins à nourrir mes captifs. Si le succès est attaché aux entreprises avec amour que rien ne rebute, mon expérience devait réussir ; elle ne réussit pas. Au bout de quelques temps, mes scarabées consumés de nostalgie dans un espace qui ne leur permettait pas les grandes évolutions, se laissèrent misérablement mourir sans me livrer leur secret". 



C'est l'artiste Akira Toriyama, créateur du célèbre manga Dragon Ball et non moins célèbre jeu Chrono Trigger, qui a illustré l'édition japonaise des Souvenirs Entomologiques.


Pour télécharger, on copie-colle cet URL.

https://www.ebooksgratuits.com/newsendbook.php?id=929&format=pdf

vous trouverez les autres tomes ici :

https://www.ebooksgratuits.com





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