Je le dis tout de suite : je ne suis pas du tout partisan de la théorie des « ancêtres extraterrestres » qui, selon moi, relève du pur délire, n’en déplaise à l’animateur de cette série boboche qui passe sur Historia.
Qui plus est, il y a une sorte de racisme sous-jacent à cette idée qui me déplait : souvent, on dira (par exemple) que le pilier de fer de Delhi ne peut pas avoir été construit dès le Ve siècle en Inde car la qualité du fer fut obtenue seulement au XIXe siècle en Occident.
Ok, donc si les Blancs n’ont pas pu le faire les premiers, il faut absolument que les Hindi aient reçu l’aide des aliens ?
Bref, ça me tombe sur le système, surtout que n’importe quelle merveille non-européenne (lignes de Nazca, pyramides d’Égypte, nommez-les) peut être attribuée aux extraterrestres mais personne ne songe à le faire pour l’Acropole grecque ou le Colisée de Rome, par exemple…
Et soit dit en passant, ces aliens hypothétiques seraient de foutus mauvais architectes. En Égypte, par exemple, l’art de la pyramide ne commence pas avec celle de Khéops ; il y en a de plus anciennes et moins belles, comme celle de Djoser, puis des tombeaux encore moins impressionnants, et ainsi de suite jusqu’à des tumulus pré-Empire. Bref, on peut passer à rebours toute la technique de la construction des pyramides de son triomphe jusqu’à ses balbutiements… alors nos aliens seraient venus enseigner aux humains à empiler grossièrement des roches par-dessus un cadavre ? Pfah ! Même les enfants de cinq ans le font dans leur carré de sable.
Troisième contre-argument : on objectera souvent que la structure en pyramide se retrouve partout sur Terre parmi des civilisations n’ayant eu aucun contact entre elles, ce qui est une « preuve ». Je trouve que c’est l’un des arguments les plus débiles de la théorie. Les Anciens utilisaient la structure en pyramide parce qu’il s’agit de la structure la plus facile et la plus solide pour ériger un monument en hauteur. Passez seulement dix secondes à comparer les pyramides égyptiennes et mayas (par exemple) et vous verrez à quel point les différences architecturales sont majeures.
Bref…
*
Donc, l’idée des « ancêtres extraterrestres » n’a aucun sens. Mais il n’en reste pas moins que c’est une idée fascinante du point de vue de la science-fiction , un domaine de l'imaginaire et que ça fait rêver.
J’avais 11 ou 12 ans quand le film original de La Porte des Étoiles est sorti au cinéma. C’était bien, surtout pour le gamin que j’étais, et bien entendu les livres d’Erich von Daniken sont redevenus à la mode le temps d’une année ou deux.
L’une des choses qui me faisait le plus rêver étaient l’idée qu’il existait sur Terre des « enregistrements » de la technologie de ces extraterrestres fictifs et souvent, on faisait référence aux billes de Klerksdorp et aux sphères Moqui.
C’est à partir de ce moment que j’ai rêvé de posséder un jour l’une de ces sphères.
Ces sphères sont nommées d’après la langue Hopi de la tribu habitait jadis cette région : le mot « moqui » signifiant « Ceux qui nous ont quitté ». La légende affirme que les dieux des Hopi sont descendus du Paradis en apportant ces sphères par milliers. Lorsqu’ils sont retournés chez eux, ils ont laissé les sphères derrière eux en signe de leur satisfaction et ont enseigné aux shamans comment les utiliser pour communiquer avec eux et soigner des maladies.
La légende affirme également que toutes les pierres étaient jadis entreposées dans un lieu de prière, mais que les prêtres des hommes blancs les ont dispersés.
Ah ! Là c’est certain que ça fait rêver ! Ça donne envie de croire que des aliens sont venus offrir des « enregistrements » aux Hopi sous forme de sphères.
Sauf que ces sphères sont complètement naturelles. Ce sont des concrétions d’oxyde de fer. Elles se sont formées sous terre lorsque des minéraux de fer se sont précipités des eaux souterraines. Le phénomène se produit dans de nombreux endroits du sud de l'Utah.
La roche hôte des billes, le grès Navajo, a été initialement déposée il y a environ 180 à 190 millions d'années sous la forme d'un immense champ de dunes de sable, semblable au Sahara moderne. Le sable a ensuite été enseveli par d'autres sédiments et finalement cimenté dans du grès.
Alors qu'elle était encore enfouie, l'eau contenant des agents réducteurs tels que des acides faibles ou éventuellement des hydrocarbures (pétrole) a voyagé lentement à travers des parties du grès perméable en dissolvant le fer dans l'eau. Cette eau chargée de fer s'est finalement écoulée vers un endroit où la chimie des eaux souterraines a changé et a provoqué la précipitation du fer.
Ce fer précipité a entouré et cimenté les grains de sable et, avec le temps, a formé des concrétions de fer constituées de couches concentriques de minéraux de fer dur enfermant de manière lâche du sable bien cimenté.
Une fois que les couches rocheuses sus-jacentes ont été érodées et que le grès Navajo a été révélé, l'altération du grès a exposé les concrétions de fer dures et résistantes aux intempéries, dont beaucoup sont amassées en grands groupes à la surface
La taille d’une bille Moqui varie entre celle d’un pois et celle d’un poing. Brisée en deux, on peut constater la présence de deux couches : une écorce de pierre et un noyau de fer très pur au centre.
De nombreuses concrétions sont situées dans les parcs d'État, les parcs et monuments nationaux et les réserves amérindiennes où la collecte est interdite.
Bleuets martiens
Ce qui est vraiment bien, c’est que le phénomène géologique qui a engendré les billes Moqui s’est aussi produit sur Mars ! En effet, en 2004, Mars Exploration Rover Opportunity a découvert ce qu’on a surnommé « les bleuets martiens », qui se seraient formés de la même manière que les billes Moqui sur Terre. Ce fut ainsi l'une des premières preuves de la présence d'eau dans le passé ancien de Mars. Et tout comme sur Terre, ces concrétions ont été trouvées éparpillées sur le sol et incrustées dans des affleurements rocheux.
Bon, les obstinés des « ancêtres aliens » vont hurler qu’il s’agit d’une autre « preuve »… mais passons…
Ma bille Moqui
Obtenir une bille Moqui était un incontournable pour moi. J’ai un petit cahier Canada où j’avais, en 6e année, noté les 100 objets que je voulais dans mon cabinet quand je serais grand. Je crains que certains, comme un fossile entier de stégosaure ou de tricératops, n’y soient jamais ; toutefois, plusieurs autres ont été acquis et la bille Moqui en fait partie.
Obtenir une bille Moqui est difficile. Les concrétions sont situées dans les parcs d'État, les monuments nationaux et les réserves amérindiennes où la collecte est interdite et cela, depuis les années 60. Une amende de 30 000$ peut être imposée en cas de délit…
Il existe donc trois possibilités pour en obtenir. D’abord, on peut fouiller les collections antérieures aux années 60. Ensuite, on peut en faire l’achat auprès d’un autochtone Hopi, qui dispose de droits ancestraux à vendre les billes Moqui sur le territoire de sa réserve. Finalement, on peut fouiner les boutiques louches sur eBay.
Personnellement, j’ai préféré opter pour la seconde option et grâce à la magie du Web, j’ai pu entrer en contact avec une sympathique dame Hopi qui m’a échangé une bille Moqui contre une médaille pieuse que j'avais trouvé dans une vente de garage. Elle n'est pas très grosse, mais ce qui compte, c'est le rêve qu'elle évoque !
Le présentoir est constitué d’un globe de verre acheté à 50 cents à la Ressourcerie, qui contenait un arrangement de fleurs de plastique qui ont rapidement pris le bord du recyclage. Au centre, pour servir de piédestal, j’ai collé une éprouvette 2cc à fond plat. La base est un sous-verre de bois et le sommet, un pion d’un jeu de dames.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire