mercredi 1 décembre 2021

Fascinants escargots

J’avais fait mon coming-out au début de ce blogue : j’ai un faible pour les escargots. Ce sont des bestioles fascinantes que je trouve très zen à observer. Il y a deux ans, ma fille étant alors âgée d’un an et demi, nous avions croisé un escargot qui rampait dans l’herbe et l’avons suivi pendant presque une heure. La façon de se mouvoir de cet animal est quasi hypnotique.



La planche consacrée à mes spécimens d'escargots pour mon catalogue


Dans les mythes, les escargots ont été largement utilisés dans la divination. Le poète grec Hésiode a écrit que les escargots manifestaient le temps de la récolte par l'escalade des tiges, tandis que le Dieu de la lune des Aztèques Tecciztecatl portait une coquille d'escargot sur son dos.


Il faut admettre que les escargots ont de multiples utilités. La bave d’escargot (ou plutôt, son mucus) contient de l’allantoïne aidant à la régénération, de l’acide glycolique qui élimine les cellules mortes, ainsi que du collagène et de l’élastine qui maintiennent la souplesse des tissus… sans compter de multiples antibiotiques naturels. Manger des escargots vivants est un remède connu depuis l’Antiquité pour les maux de gorges ; certains « sorciers » du Moyen-Âge s’en servaient pour préparer un remède contre la peste noire (considérant la quantité d’antibiotiques qu’il y a là, ce n’est pas si fou et je ne serais pas surpris qu'il y ait eu quelques succès).   



Beaucoup de manuscrits médiévaux montrent des chevaliers combattant des escargots géants. Les interprétations varient, entre la parodie du "paresseux en armure" jusqu'à une forme symbolique de la Résurrection. Le débat enflamme encore les experts sur la signification exacte...


Plusieurs escargots, comme notre escargot des jardins, ne mangent pas de plantes mais bien des feuilles mortes. Ce sont des vidangeurs, alliés des jardiniers. Comme dit le Jardinier Paresseux : "Autrement dit, les escargots font le ménage à notre place! Il est alors inutile (et illogique!) d’éliminer les escargots: laissez-les tranquilles et vous aurez moins de ménage à faire"!



L'escargot est aussi un détecteur de pollution des sols car il a la particularité de concentrer dans ses tissus les substances chimiques présentes dans le sol, l'air et les plantes de son environnement (cadmium, plomb, zinc, cuivre, mercure, arsenic, entre autres cochonneries). En observant ce qui est accumulé dans l'organisme du gastéropode, on peut donc savoir si un sol est pollué mais également évaluer la quantité de polluants susceptible de se disperser dans la nature et de contaminer les autres êtres vivants. 



Je possède une douzaine de coquilles d’escargots provenant d’espèces différentes et des quatre coins du monde. Elles sont exposées dans une ancienne boîte à cigares où j’ai ajouté une lanière de bois pour faire une tablette dans le couvercle.





Je vous en présente quatre espèces aujourd'hui.


D’abord, Liguus virgineus, surnommé « l’escargot canne de bonbon », est une espèce d'escargot qui vit à Cuba. J’ai trouvé quelques coquilles lors d’une expédition organisée (lire ici, avec un guide) dans la jungle cubaine. Sur le coup, je me suis demandé ce que ces coquillages faisaient si loin de l’océan ; ce n’est que quelques heures plus tard que j’ai aperçu cet escargot magnifique. 



Bien qu'il passe la majeure partie de leur vie dans les arbres, ils descendent pour pondre leurs œufs dans un sol humide. 

L'une de mes coquilles ramenées de Cuba


Les premiers explorateurs européens d'Hispaniola ont ramené les coquillages en Europe, et il est représenté dans des illustrations scientifiques depuis 1684, ce qui en fait le premier escargot terrestre néotropical qui a été illustré scientifiquement.


L. virgineus dans le Recreatio Mentis et Oculi de Filippo Bonanni, 1684





Le Sphincterochila boissieri  m’a été offert par un monsieur Égyptien via un groupe d’échange. J’aime la curiosité que représente cette espèce adaptée aux conditions arides et sa tolérance à la dessiccation. La carapace est épaisse et l’espèce a une conduction thermique lente à la surface du corps . Environ 90 % de la surface de sa coquille reflète la partie visible du spectre solaire et bien plus de 90 % du spectre solaire lui-même. Lorsqu’ils dorment, ces escargots peuvent résister à des températures ambiantes allant jusqu'à 50 °C. 



Cet escargot n'est actif que quelques jours après les pluies. À cette période de l'année, ils se nourrissent, s'accouplent et pondent des œufs. Ainsi ces escargots ne sont actifs que trois semaines par année et dorment le reste du temps. On sait que les escargots dormants ont survécu jusqu'à 6 ans dans les collections des musées.





Ryssota ovum est un gros escargot qui vit dans les forêts profondes des Philippines. Très dépendant de l’humidité, il peut être trouvé sur n’importe quel terrain durant la saison des pluies mais en saison sèche il ne se limite qu’aux cavernes. 



La viande de cet escargot est considéré comme un met délicat dans les Philippines ; la coquille vide est généralement utilisée pour conserver du sel ou pour boire un alcool local.





Lissachatina fulica, anciennement Achatina fulica (escargot géant africain ou Achatine foulque)  est un grand escargot d'origine africaine. L'espèce fait partie des 100 pires espèces envahissantes selon l'UICN.

Originaire d'Afrique, l'espèce a été largement introduite en Asie, dans les Antilles, dans les îles de l'océan Pacifique et de l'océan Indien car depuis quelques années, cette espèce, très sociable, est élevée comme animal de compagnie. Néanmoins, Lissachatina fulica étant extrêmement prolifique en termes de reproduction, une gestion irresponsable, comme le relâcher dans la nature, peut avoir des conséquences catastrophiques pour la flore locale où sa taille et son taux de reproduction important posent rapidement problème en l'absence de prédateurs naturels : outre les dégâts qu'une population incontrôlée peut faire subir aux cultures, Lissachatina fulica pose aussi un problème de santé publique, étant le vecteur de parasites. 



Un jeune homme travaillant en animalerie m’a donné la carapace d’un escargot géant africain qui venait de décéder. Ma coquille est impressionnante, mais ce n’est rien à côté de la dimension du monstre une fois adulte.




...mais c'est encore petit comparé à Campanile giganteum, un escargot de l'Éocène avec une longueur de coquille de 40 à 60 cm...






Reconstitution.




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