lundi 21 novembre 2022

Lunettes d'horloger

 

Content de vous revoir !


Alors nous sommes le 21 et sur le programme, ça indique « antiquité, vie courante ». Je n’avais pas vérifié avant de choisir le jour de mon retour et ce ne sont peut-être pas les objets les plus « curieux », aussi ai-je décidé de commencer par une antiquité de la vie courante que j’utilise de plus en plus couramment dans ma propre vie courante.



Ce que vous voyez ci-dessus est une paire de lunettes d’horloger en laiton, datant — m’a assurée l’antiquaire — de 1904. Elles me sont tombées dans l’œil — s’cusez — alors que Sonya et moi revenions du Salon du Livre de Rimouski en 2019. Nous avions avions besoin de nous dégourdir les jambes, ma douce moitié m’a proposé de googler les antiquaires sur mon téléphone et voilà, nous avons pris la sortie suivante. La dame se spécialisait surtout dans les vieux meubles, la vaisselle de porcelaine, cristal ou argent, de même que les vieux chaudrons de cuivre et de fonte noire — votre humble serviteur ne jure d’ailleurs que par ses derniers lorsqu’il cuisine.

 Un coin de la boutique était consacré à ce que la dame appelait « les bibelots », où l’on trouvait notamment de vieux fers à repasser, des vases et quelques anciens outils. Parmi le lot, ces lunettes, vendue pour la modique somme de 20$ (en plus, la dame nous a offert le café, et si on songe au prix qu’on nous vend le précieux liquide en restaurant, j’ai fait une sacrée bonne affaire).

Mais revenons à nos lentilles. Ce sont des lunettes correctrices et, bien que je ne sois pas un spécialiste, il suffit de regarder à travers les verres pour constater qu’elles étaient destinées à corriger une presbytie légère, du genre « lunettes de lecture ». La presbytie, qui nuit à la vision rapprochée, est sans contredit un fléau pour les horlogers vieillissant…   





Bien sûr, la lentille est le détail le plus intéressant. Mon ami Érick, maître-joaillier (et illustrateur, voir en page 65 de Solaris 224) m’a assuré que cette loupe était aussi bonne que celle qu’il utilise lui-même en atelier (soit 5x) et que l’image obtenue est tout aussi limpide. Comme vous pouvez le constater, la lentille se détache et pour rigoler, je l’avais fixée à mes propres lunettes grâce à la pincette. J’ai été étonné de constater l’efficacité de la loupe et, une chose en entrainant une autre, je me suis mis à l’utiliser dans la vie quotidienne.




C’est tellement pratique ! Au début, c’est certain, il y a une gymnastique faciale à maîtriser : fermer l’œil gauche pour travailler en « zoom 5x », fermer l’œil droit pour revenir à la vision normale — et comme je n’ai jamais été très habile pour les clins d’œil, ça me donnait un air grimaçant plutôt loufoque. Mais il suffit d’une ou deux soirées à épingler des insectes pour que le mouvement devienne totalement naturel, et c’est stupéfiant comme le cerveau s’y habitue rapidement.


Depuis, quand j’étale mes spécimens entomologiques, je passe du zoom au normal sans même y réfléchir. Car oui, c’est pour travailler avec les insectes que j’ai utilisé la lentille la première fois : ça permet de garder les deux mains libres plutôt que de tenir une loupe en main — quant à ma loupe sur pied, elle était toujours « dans le chemin ».


Et honnêtement, ça me semble plus pratique que la version moderne, affectionnée par Érick, qu’il faut sans cesse retirer et remettre…



…quoique le style traditionnel existe encore, en version modernisée.



Outre l’entomologie, la lentille m’a bien servie l’été dernier pour retirer une écharde du doigt de ma fille.


C’est sûr que j’ai un drôle d’air en sortant de mon bureau si j’oublie de la retirer — ce qui arrive souvent car, comme je le disais, ça devient vite « naturel » — mais bon, on est excentrique ou on ne l’est pas.

 

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