En 2014, j’ai fait un voyage à Cuba, mais il n’agissait pas du classique « plage et cocktails » qu’on y fait généralement. Une bonne partie du voyage était consacré au « tourisme d’aventure », où j’ai eu le plaisir de sillonner la jungle, d’explorer une caverne et, bien sûr, d’amasser des spécimens.
…où les gens vivent plus modestement…
…et où nous attendent des splendeurs naturelles
(ici la caverne que nous avons traversé et la chute qui cache son entrée).
Je reviendrai un jour sur ce voyage,
ainsi que d’autres à travers notre pays ou ailleurs dans le monde, notamment la
fois où je me suis discrètement esquivé des Imaginales d’Épinal, en France,
pour aller chasser les courtilières…
En vain, malheureusement… les deux que j’ai repéré se sont sauvées
à toute vitesse dans le sol, et je n’avais pas
de truelle avec moi…
Mais revenons au sujet d’aujourd’hui,
c’est-à-dire « Aquafauna, autre », mettant en vedette une trouvaille cubaine
que j’ai fait — ironiquement — en me prélassant sur la plage avec un cocktail
(fallait bien se reposer après trois jours dans la jungle !).
Encore plus ironique, ce n’est même
pas un spécimen de la faune cubaine…
Bon, je raconte. J’ai beaucoup de
difficulté à rester assis à ne rien faire. Le seul moyen pour moi d’être
tranquille sur une plage, c’est avec un bouquin, mais je venais de terminer celui
que j’avais amené et les autres étaient dans ma chambre d’hôtel… donc je me
suis mis à ratisser la plage à la recherche de spécimens.
Je n’avais, à l’époque,
de projet très clair pour organiser mes trouvailles en cabinet mais je me
servais beaucoup de ces petites curiosités naturelles lorsque je faisais de la
suppléance à l’école primaire du coin.
C’est donc à ce moment que j’ai trouvé l’un de ces étranges
objets sur la plage, le plus long sur la photo.
Au début, je n’avais absolument aucune idée de ce que c’était, alors forcément je l’ai gardé. Et, chose rare, le mystère allait s’épaissir quand je ferais des recherches sur Internet une fois à l’hôtel.
Il s’agit du piquant (ou « radiole » pour prendre
le vrai terme) d’un oursin-crayon. Ce qui est étonnant, c’est que cet oursin
vit dans les eaux tropicales du bassin indo-pacifique, de la mer Rouge à la
Polynésie et du Japon à la Nouvelle-Calédonie.
Mais qu’est-ce qu’il fichait là !?
J’ai eu une piste de réponse le lendemain, dans le lobby : le gigantesque aquarium décoratif contenait plusieurs espèces que je savais venir du Pacifique, comme le célèbre poisson-clown, ainsi que deux oursin-crayons. On avait possiblement jeté à la mer un spécimen mort — ou on s’était débarrassé d’un spécimen en trop, ce qui est très dangereux pour l’écosystème local.
Cela dit… L’oursin-crayon se rencontre sur les récifs coralliens denses, du battant des vagues (qu'il affectionne) à 25 m de profondeur. La journée, il vit caché dans des anfractuosités dont il sort de nuit pour se nourrir.
C’est un oursin très mobile et en captivité, il a tendance à quitter son aquarium. Se serait-il donc sauvé de l’hôtel ? J'avoue qu'imaginer ce petit bonhomme sortir de sa cuve et trottiner nuitamment dans le lobby pour aller rejoindre l'océan est une scène des plus amusantes, quoique peu probable...
Dans d'autres langues, la métaphore du crayon est conservée : en anglais Slate pencil urchin et en espagnol Erizo rojo de lapices. Il y a une longue tradition d'artisanat en utilisant ses radioles (qui peuvent dépasser 10 cm) pour faire des colliers ou des porte-bonheurs.
Il fallait bien traverser toute l’Amérique du Nord pour amasser une curiosité issue de la vie en captivité… mais bref.
Pour l'instant, je les garde dans une éprouvette, faute d'avoir trouvé un moyen plus élégant de les exposer.
Et heureusement, j’ai attrapé à Cuba de beaux spécimens de la biosphère locale, comme ce splendide Eumorpha labruscae…
P-S : Je crois que je vais modifier ma liste de sujet pour intégrer un billet « Aventures et Expéditions » par mois, j’aurais tellement de choses à vous raconter…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire