Je me suis longtemps creusé le ciboulot pour trouver une élégante
façon d’exposer mes spécimens de la faune marine. Un coffret ne donnait qu’une
empilade et ne leur rendait pas justice ; les fixer à un cadre aurait nécessité
de les coller, ce qui aurait empêché de les manipuler par la suite.
Puis j’ai vu cette collection ayant appartenu à un grand
naturaliste du XIXe siècle dans un musée et j’ai décidé de m’en inspirer. Toutefois,
je n’avais pas très envie de fabriquer les petites cases une à une.
Heureusement, il y a, au Dollarama, ces boîtes contenant des lettres
de bois (3$). J’ai réservé les lettres pour un autre projet (des séparateurs
dans ma bibliothèque) et j’ai gardé le coffret.
Comme il n’était pas assez grand, j’en ai acheté deux petits
(1,25$ ch.) et j’ai balancé le contenu dans le tiroir d’artisanat de ma
conjointe.
Tout d’abord, j’ai posé mes spécimens sur le paquet afin de cerner
où il me faudrait retirer des séparateurs, puis j’ai enlevé ceux en trop avec des
pinces.
Je me suis improvisé des coins métalliques avec de petites
équerres (22 cents chacun) que j’ai peintes de couleur or. Idem pour une petite ferrure droite ramassée à 55 cents à la Ressourcerie.
Puis j’ai imprimé le nom latin de chaque coquillage sur un papier
cartonné et je les ai collés au fond de chaque case.
Le résultat n’est pas vilain du tout…
Permettez-moi
d’en profiter pour vous présenter mes spécimens les plus fascinants.
Le Cône Princier (Conus aulicus) est un mollusque qui chasse ses proies à l'aide d'un dard venimeux qu'il peut projeter violemment devant lui. Le venin de cette espèce est dangereux, voire mortel pour l'Homme, mais les accidents demeurent rares car cette espèce est essentiellement nocturne et peu agressive (il piquera uniquement en cas de légitime défense).
Le Murex Épineux (Bolinus brandaris) sécrète un mucus qui
fournissait la pourpre de Tyr ou pourpre impériale. Cette
teinture rouge violacée, très coûteuse à produire et d'une exceptionnelle
solidité, faisait partie des produits de luxe du monde méditerranéen antique. Les vêtements
teints en pourpre étaient réservés à une élite. Dans la civilisation romaine, le vêtement indiquait le statut social, notamment par la
largeur de la bande pourpre portée sur la toge et la couleur plus ou
moins vive des vêtements rouges. Seuls les empereurs portaient des
vêtements entièrement pourpres.
Le Cauri Violet (cyprea caputserpentis), comme tous les
coquillages de la famille des cauris, fut utilisé comme monnaie de commodité un
peu partout à travers le monde. On en retrouve en Chine dès 1600 av. JC. Au Xe
siècle, les marins arabes et européens se les échangeaient pour commercer plus
aisément qu’avec de vraies monnaies, sujettes à la contrefaçon. Encore de nos
jours, certains pays africains comme le Bénin utilisent les cauris en
complément de leur monnaie moderne. Le cauri violet fut toujours considéré
comme le plus précieux. Rare et coloré, il est encore utilisé de nos jours en
joaillerie.
Où
dénicher ses spécimens ?
D’accord, on n’a pas tous la chance d’aller au bord de l’océan. J’avoue
que j’ai été plutôt chanceux à ce niveau. Pour ceux qui voudraient exposer des
coquillages dans leur cabinet sans pouvoir les dénicher dans la nature, sachez
que le Dollarama en vend de pleins pots et de pleins sacs (oui-oui, ce sont des vrais).
Vous
pouvez très bien débuter votre collection ainsi : il n’y a pas de honte à
acheter ses spécimens dans un humble magasin comme celui-ci. L’essentiel, c’est
de s’émerveiller face à la faune marine, et qu’importe la provenance des
coquillages !
Par la suite, eBay vous permettra de repérer quelques spécimens
plus rares ou plus étonnants, rarement pour plus de quelques dollars.
Coût du
projet : 8,69 $
Temps investi :
4 heures (c’est long à teindre, les petites cases).
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