dimanche 9 juin 2019

Hommage à Darwin et Mendel


Ok, c’est le temps du coming-out : j’aime les escargots.

Et pas uniquement pour leur valeur gastronomique. J’adore ces gastéropodes. Je trouve leur coquille d’une grande élégance et leur attitude paisible m’évoque aussitôt un sentiment de quiétude.

J’aime tout spécialement Cepaea nemoralis, l’un des escargots les plus fréquents du Québec. Jadis importé d’Europe par un jardinier, cet escargot a proliféré en Amérique du Nord. Pas de quoi s’inquiéter, néanmoins : il n’entre en compétition avec aucune autre espèce. Qui plus est, c’est un éboueur, qui se nourri de feuilles mortes. Sans danger pour les cultures, il est fort dommage de voir les jardiniers peu informés s’acharner à les éliminer.


Ah oui : ils sont comestibles.

Quand j’étais à l’université, j’ai d’ailleurs fait un travail de session sur ce charmant animal : en effet, Cepaea nemoralis existe en une énorme variété de taille et d’apparence. On peut les séparer en divers groupes phénotypiques et c’est ce que j’ai eu envie de faire pour mon cabinet en hommage à la démarche de Charles Darwin avec ses pinsons.

Je suis donc sorti avec ma fille de 17 mois pour traquer les coquilles vides qui jonchaient le sol sous la haie des voisins (ah ! l’émerveillement de voir ma petite chérie se trainer à quatre pattes sous les branches pour soudainement s’écrier « CA-GO ! » et me remettre une coquille comme un cadeau précieux).

En une heure, nous avons ramassé l’échantillonnage suivant :

 

Par la suite, j’ai décidé de monter un présentoir mais cette fois-ci, je ne voulais pas y consacrer trop de temps.

J’ai donc utilisé ce coffre du Dollarama (2$). 



J’en ai retiré le couvercle et je l’ai teint, puis j’y ai apposé une étiquette.



Ma fille et moi avons ensuite fait un tri phénotypique et disposé les plus belles de nos trouvailles par taille et par pigmentation.



(d’autres souches tirent sur le rose, mais pas moyen d’en trouver dans mon coin pour l’instant. 
À suivre…)

Pour ceux que ça intéresserait, l’absence ou la présence d’une ou plusieurs bandes brunes est déterminée par un gène possédant deux allèles. Celui de l’absence de bandes est dominant sur celui de la présence (je sais, la culture c’est comme la confiture).

Dans la nature, les Cepaea nemoralis à bandes préfèrent les endroits ombragés et les jaunes vifs favorisent les lieux éclairés. Sélection basée sur la pression de l’environnement : on favorise un bon camouflage.

Bref, la collection est plutôt intéressante, mais il me manque le Graal, la pièce de collection à tirage limité : un escargot senestre, ou « gaucher ». J’ignore si vous l’avez remarqué, mais les escargots s’enroulent généralement vers la droite (on les nomme escargots dextres). Pour les gauchers, ou senestres, la situation ne se produit, environ, qu’une fois sur 20 000, lorsque l’embryon n’a encore que quatre cellules.

Deux éléments augmentent encore la rareté des escargots senestres. D’une part, la plupart sont condamnés à l’abstinence forcée, car leurs organes génitaux sont inversés par rapport aux escargots dextres, ce qui rend l’accouplement avec eux impossible.

D’autre part, même dans le cas rarissime où deux escargots senestres se rencontrent, leur descendance peut être dextre à cause d’un effet matrocline ; autrement dit, le phénotype d’un escargot dépend du génotype de sa mère.


Alors voilà, je suis bien satisfait de mon présentoir, mais ma fille et moi resterons à l’affût d’une série rosée et d'une coquille senestre pour parachever l’échantillonnage. Heureusement, en resserrant la disposition, il reste de la place ! 

Montant investi : 2$
Temps investi : 30 minutes pour le présentoir et 1 heure pour la collecte.
Collection encore à compléter avec des souches roses unies, roses à bandes… et un senestre !
  



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