Ok, c’est le temps du coming-out : j’aime les
escargots.
Et pas uniquement pour leur valeur gastronomique. J’adore
ces gastéropodes. Je trouve leur coquille d’une grande élégance et leur
attitude paisible m’évoque aussitôt un sentiment de quiétude.
J’aime tout spécialement Cepaea
nemoralis, l’un des escargots les plus fréquents du Québec. Jadis importé d’Europe
par un jardinier, cet escargot a proliféré en Amérique du Nord. Pas de quoi s’inquiéter,
néanmoins : il n’entre en compétition avec aucune autre espèce. Qui plus
est, c’est un éboueur, qui se nourri de feuilles mortes. Sans danger pour les
cultures, il est fort dommage de voir les jardiniers peu informés s’acharner à
les éliminer.
Ah oui : ils sont comestibles.
Quand j’étais à l’université, j’ai d’ailleurs fait un
travail de session sur ce charmant animal : en effet, Cepaea nemoralis existe en une énorme variété de taille et d’apparence.
On peut les séparer en divers groupes phénotypiques et c’est ce que j’ai eu
envie de faire pour mon cabinet en hommage à la démarche de Charles Darwin avec
ses pinsons.
Je suis donc sorti avec ma fille de 17 mois pour traquer les
coquilles vides qui jonchaient le sol sous la haie des voisins (ah ! l’émerveillement
de voir ma petite chérie se trainer à quatre pattes sous les branches pour
soudainement s’écrier « CA-GO ! » et me remettre une coquille comme
un cadeau précieux).
En une heure, nous avons ramassé l’échantillonnage suivant :
Par la suite, j’ai décidé de monter un présentoir mais cette
fois-ci, je ne voulais pas y consacrer trop de temps.
J’ai donc utilisé ce coffre du Dollarama (2$).
Ma fille et moi avons ensuite fait un tri phénotypique et
disposé les plus belles de nos trouvailles par taille et par pigmentation.
(d’autres souches
tirent sur le rose, mais pas moyen d’en trouver dans mon coin pour l’instant.
À
suivre…)
Pour ceux que ça intéresserait, l’absence ou la présence d’une
ou plusieurs bandes brunes est déterminée par un gène possédant deux allèles. Celui
de l’absence de bandes est dominant sur celui de la présence (je sais, la
culture c’est comme la confiture).
Dans la nature, les Cepaea
nemoralis à bandes préfèrent les endroits ombragés et les jaunes vifs
favorisent les lieux éclairés. Sélection basée sur la pression de l’environnement :
on favorise un bon camouflage.
Bref, la collection est plutôt intéressante, mais il me
manque le Graal, la pièce de collection à tirage limité : un escargot
senestre, ou « gaucher ». J’ignore si vous l’avez
remarqué, mais les escargots s’enroulent généralement vers la droite (on les
nomme escargots dextres). Pour les gauchers, ou senestres, la situation ne se
produit, environ, qu’une fois sur 20 000, lorsque l’embryon n’a encore que
quatre cellules.
Deux éléments augmentent encore la rareté des escargots
senestres. D’une part, la plupart sont condamnés à l’abstinence forcée, car leurs
organes génitaux sont inversés par rapport aux escargots dextres, ce qui rend l’accouplement
avec eux impossible.
D’autre part, même dans le cas rarissime où deux escargots
senestres se rencontrent, leur descendance peut être dextre à cause d’un effet
matrocline ; autrement dit, le phénotype d’un escargot dépend du génotype de sa
mère.
Alors voilà, je suis bien satisfait de mon présentoir, mais
ma fille et moi resterons à l’affût d’une série rosée et d'une coquille senestre pour parachever l’échantillonnage. Heureusement, en resserrant la disposition, il reste de la place !
Montant investi : 2$
Temps investi : 30 minutes pour le présentoir et 1
heure pour la collecte.
Collection encore à compléter avec des souches roses unies,
roses à bandes… et un senestre !
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