Je consacrerai ce billet-ci à deux "bêtes de cauchemar" du
Québec, c’est-à-dire mon léthocère d’Amérique et ma rhysse noirâtre.
Léthocère (Lethocerus americanus)
Le léthocère d’Amérique, ou punaise d'eau géante, est le
plus gros insecte aquatique du Québec.
Celui-ci fut courageusement capturé (à l'aide d'un pot Masson) par mon intrépide amie
Véronique, qui l’avait repéré dans sa piscine lors du grand nettoyage de
printemps.
Il s'agit d'une vraie machine à tuer (je veux dire l'insecte, pas mon amie Véro). Il se nourrit à
l'aide de pièces buccales de type piqueur-suceur qui forment une sorte de bec
court et pointu, le rostre. Il injecte une salive digestive puissante avec leurs pièces buccales, ce qui
liquéfie la chair qu’il aspire ensuite. Sa piqûre est, de façon peu
surprenante, considérée largement comme la plus douloureuse qui puisse être
infligée par un insecte (sans être la plus dangereuse : on parle seulement ici de souffrance). Plus longtemps la punaise d'eau géante peut injecter sa salive,
pire sera la douleur résultante, et alors que la salive liquéfie le tissu
musculaire, elle peut causer de sérieux dommages permanents.
Ce sont des prédateurs féroces qui capturent et se
nourrissent de crustacés, de poissons et d'amphibiens. Ils s’attaquent
aux couleuvres, grenouilles, tortues et souris qu’ils paralysent puis
entraînent sous l’eau pour les noyer.
Chez un humain adulte, la piqûre causera une vive douleur et
un épisode de fièvre pouvant s’étaler sur quelques heures. Une tache sur la
peau, à l’endroit de la piqûre, persistera plus semaines. Par deux fois aux États-Unis,
un nourrisson a été tué par la piqûre d’un léthocère après avoir été atteint au
cou, entraînant la liquéfaction de la veine jugulaire externe.
Rhysse noirâtre (Megarhyssa atrata)
Énorme insecte volant, la femelle de la rhysse noirâtre est
dotée d’un impressionnant ovipositeur brun foncé mesurant de 12 à 15 cm de long.
Elle s’en sert pour pondre à l’intérieur d’un autre être vivant.
La rhysse noirâtre est un ectoparasitoïde, c’est-à-dire
qu’elle a besoin d’un hôte pour compléter son cycle vital. Il s’agit souvent de
la larve du tremex. Celle-ci vit dans le bois, et la femelle utilise
son long ovipositeur pour l’atteindre. La jeune rhysse se nourrit de son hôte
durant ses quatre stades larvaires.
Il peut parfois, bien que ce soit rarissime, s’agir d’un
vertébré endormi, que ce soit un petit mammifère comme un campagnol ou un plus
gros comme une marmotte.
Il n’existe qu’un seul cas documenté d’un humain ayant été l’hôte
des larves d’une rhysse : en Oregon, un homme faisant la sieste a été
choisi comme hôte. Sa cuisse devenant de plus en plus sensible au fil des
semaines, l’infortuné quidam s’est rendu en clinique médicale, d’où on a
extrait les larves qui grouillaient dans la graisse de sa jambe.
J’ai capturé mon spécimen au Parc de la rivière Chaudière, à
Lévis, avec un filet à papillons du Dollarama.
Mes spécimens exposés : une réussite et un échec (eh
oui, ça arrive…)
Je suis spécialement content de la manière dont j’ai monté mon
léthocère : je suis parvenu, avec une aiguille et des pinces à cils, à
écarter les élytres et étaler les ailes. La bête a passé trois jours dans mon
congélateur, fut ensuite laissée à dégeler tout un avant-midi, puis piquée sur du
liège recouvert de papier. Je suis plutôt fier du résultat.
Tout allait bien pour ma rhysse. J’étais vraiment fier,
encore davantage que pour le léthocère. J’étais parvenu à placer ses cerques et
son ovipositeur en posture de ponte. Puis j’ai refermé le cadre et j’ai entendu
un horrible crounch !
Les taquets que j’avais placés pour laisser l’espace
nécessaire à l’insecte n’étaient pas assez résistants. Alors voilà, ma rhysse a
l’air d’avoir rencontré un pare-brise sur la 40…
Vraiment dommage. Je ne sais pas encore si je vais la garder.
Probablement jusqu’à ce que je capture une nouvelle rhysse femelle, ce qui n’est
pas demain la veille, car les rhysses adultes ne vivent qu’une vingtaine de
jour… puis ça va à l’an prochain. Si vous avez la chance d’en croiser une.
Bref…
Je termine en vous souhaitant un bel été, de magnifiques
baignades dans nos lacs et de reposantes siestes à proximités de nos boisés.
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