Parmi les artificialia
des anciens cabinets, on trouvait généralement des pièces de monnaies antiques
(romaines, grecques et perses, notamment) ou d’anciennes décorations militaires.
Enfant, j’étais un numismate (très) amateur : comprendre ici que je ramassais tout ce qui
ressemblait vaguement à une pièce de monnaie et ne portait pas une feuille d’érable,
un castor, un voilier ou un caribou (les dollars étant alors en papier, voilà
qui ne me rajeuni pas).
On m’en offrait, certes, mais j’ai constitué l’essentiel de
ma collection en procédant à échanges avec des amis contre les cartes de hockey
qu’on trouvait dans les paquets de gomme (ce qui ne m’intéressait pas du tout)
ou en fouinant les ruines de maisons abandonnées.
C’est ainsi que j’ai ramassé de la monnaie canadienne de
multiples époques, des devises d’une trentaine de pays différents, des jetons
de traverse du pont Champlain, des médailles du couronnement de la reine Élisabeth
II et des cent ans de la Confédération, des ornements circulaires en laiton
pour les meubles, des jetons de casino, des pièces-souvenirs de divers
festivals et des ronds de métal provenant de boîtes électriques (très jeune, je
m’étais imaginé qu’il s’agissait de pièces de monnaie d’un pays n’existant plus
— alors forcément, les inscriptions avaient disparues… l’imagination des
enfants obéit à sa propre logique).
J’ai tout récemment jeté un regard d’adulte sur cette
ferraille et j’y ai trouvé quelques éléments dignes de figurer dans mon cabinet.
Aucune pièce ne vaut très cher, mais celles que j’ai choisi ont toutes un petit
quelque chose qui suscite la curiosité…
…en entendant de trouver de vraies pièces antiques.
Pour ce premier billet, je traiterai de mes pièces frappées
durant la Seconde Guerre mondiale.
Cent américain d’acier
et de zinc, 1943
Afin de préserver le cuivre pour les effectifs de guerre,
les Américains ont frappé des pièces en acier plaquées de zinc (on peut la voir
ici comparée à une pièce de cuivre de l’année suivante).
Pour la petite
anecdote, sachez que seules sept pièces 1943 ont été frappées dans du cuivre —
leur valeur se chiffre dans les 200 000 $ et plus. De nombreux faussaires ont d'ailleurs tenté
de modifier la pièce 1948 afin de la faire passer pour une 1943 (il se servant
d’une lentille et une lime de bijoutier pour transformer le 8 en 3).
Franc français « Morlon »
dit « léger », 1945
Ici, il s’agit d’un franc frappé en aluminium. Je ne sais
pas si la photo permet de considérer la différence avec un franc plus récent,
mais le Morlon léger 45 est tellement cheap
que je pourrais sans peine le plier à mains nues.
Cinq cents canadien en
acier dit « de la Victoire », 1944
À la monnaie royale canadienne, on avait de la suite dans
les idées. Le chiffre 5 s’écrit V en numéral romain et il s’agit de la première
lettre pour le mot Victory (ou Victoire) qu’on mime en levant l’index et le
majeur — vous me suivez ?
Il est fait en acier (comme aux États-Unis, le cuivre est
réservé à l’effort de guerre) mais porte une particularité que peu de gens
connaissent : le rebord de la pièce porte le slogan des « 6W »
en code Morse : we win when we work
willingly — un populaire slogan d’encouragement à l’effort de guerre.
En avers, on peut lire GEORGIVS VI D :G :REX ET
IND:IMP, ce qui se traduit par « Georges
VI, par la grâce de Dieu roi et empereur de l’Inde ».
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