Certains choisissent leur supermarché pour les prix ou la
diversité des produits ; d’autres pour la proximité ou la qualité des aliments.
Moi, ces temps-ci, c’est pour sa biodiversité.
C’est assez stupéfiant : samedi dernier, le 13 juillet,
j’ai découvert en plein après-midi trois papillons nocturnes différents qui
s’agrippaient au mur : un sphinx du frêne (sphinx chersis), un sphinx myope (paonias myops) et un papillon satiné (leucoma salicis).
Intrigué, j’y suis retourné chaque jour au cours de la semaine
— voici une partie de ce que j’ai récolté…
(les deux grands
papillons gris se ressemblent, mais sont des espèces différentes — j’ai pour
éthique de ne pas capturer deux fois une même espèce, sauf en cas de
dimorphisme sexuel majeur — voici donc un sphinx du frêne et un sphinx du
Canada (sphinx canadensis). Quant au petit blanc, le papillon satiné, il était déjà magané quand je l'ai attrapé).
…car oui, on parle de récolte aux papillons nocturnes plutôt
que de chasse : je n’ai jamais vu une bestiole se foutre à ce point d’être
capturée.
Mais cela ne règle pas la grande énigme : qu’est-ce qui
attire autant les papillons de nuit sur le mur de l’épicerie ? Le réverbère ?
Mais dans ce cas, il en irait de même pour les autres lampadaires…
L’ombre projetée par le bâtiment ?
Les essences des arbres voisins ?
L’odeur des fruits qui décomposent dans les bacs à compost ?
La fraîcheur de la pierre ?
Le spécial de la semaine sur le détergent ?
Mystère…
(sérieusement, si quelqu’un a une explication, je serais
ravi. J’ai tenté de comprendre de façon empirique : j’ai exploré les
autres épiceries qui compostent, les bâtiments aux murs projetant de l’ombre
et/ou couvert de la même brique, les secteurs où se trouvent les mêmes arbres…
rien, niet, nada… ).
Je ne vais plus à l’épicerie sans mes petits pots Masson (idéaux
pour la récolte : vous posez le pot sur votre spécimen, puis glissez le
disque entre le mur et le papillon. Ensuite, vous soulevez en tenant le disque
en place et refermez avec l’anneau).
Certains euthanasient les papillons à l’acétate d’éthyle
mais bon, ça reste un poison et je suis papa — et au risque de me répéter, des
enseignantes me lisent, donc il faut que mes procédures soient à la portée des
enfants.
J’opte donc pour la congélation (24 h, et nul besoin de
sortir les spécimens des pots Masson : ceux-ci supportent parfaitement le
froid).
Ensuite, je les fixe sur du liège à l’aide d’épingles de
couture du Dollarama. Oui, je sais : les collectionneurs hurleront au
scandale, argumentant que seules les pinces d’entomologie sont acceptables pour
un spécialiste.
Or, je n’ai jamais prétendu être un spécialiste.
Un papillon frais sorti du congélateur sera un peu humide au
dégel (effet de condensation), donc très facile à positionner à l’aide de
pinces à sourcils.
Quant à mon liège, j’achète ces grands sous-plats au Dollarama (2$) et je les coupe de formes carrées ou rectangulaires à l’aide d’un couteau de cuisine (je me trace des lignes à l’équerre).
ouais…je cuisine avec des Sanelli, rien de moins !
J’ai aussi acheté, pour 1,50 $ à la Ressourcerie, ce lot de
six sous-plats kitchs, mais de belles formes.
Une fois retournés côté verso,
c’est parfait.
Ensuite, laissez sécher quelques jours à l’air libre.
Les deux papillons
portant des « yeux » sur leurs ailes sont un sphinx myope et un sphinx
aveugle (paonias excaecatus).
Pour l’identification, j’ai acheté cette très belle
encyclopédie à 5$ chez Écolivres.
Écolivres est un OBNL qui
vend des livres de seconde main et ne doit enregistrer aucun profit à la fin de
son année fiscale. Les romans s’y vendent un ou deux dollars et les grands
livres documentaires, cinq ou dix.
J’ai fini de fabriquer mon cadre aujourd'hui. Il reste de la place pour les emplettes des semaines à venir...
Dans le temps, Metro donnait de la vaisselle promotionnelle ou des timbres-primes.
Maintenant, c'est des papillons ?
Et, bien entendu, j’y mettrai un sachet de silicate.
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