samedi 31 décembre 2022

Plugs inélégantes, lectures sérieuses et infusion des Fêtes

31 décembre, je suis supposé vous parler de lectures et d'infusions... commençons par les lectures.


Quelques publications récentes dans Lurelu

Je m'efforce d'éviter de m'autopromouvoir sur ce blog. Nous ne verrez généralement pas d'incitation à lire mes romans ou mes nouvelles - ce n'est pas le lieu pour cela (sauf lorsque je présente une curiosité que j'ai acquise parce qu'elle m'évoque un de mes univers mais bref, vous voyez la nuance). 

Je fais toutefois une exception aujourd'hui, considérant que plusieurs enseignantes du primaire me lisent et incitent leurs élèves en avance dans leurs travaux à me lire... et surtout, parce que le sujet est directement relié à ce blog.  

Dans le Volume 45, No. 3 de Lurelu (Hiver 2023), je propose une analyse des ouvrages documentaires scientifiques pour la jeunesse publiés au Québec. C'est un dossier costaud de huit pages : plus de 200 ouvrages ont été survolés et plus de 80 retenus pour être analysés. Un premier volet s'attarde à la bonne manière de magasiner (ou fouiner en bibliothèque) pour trouver un documentaire illustré et sur les différentes approches pédagogiques favorisées par ces ouvrages ; la seconde partie analyse et critique les meilleurs albums québécois en les classant en sept catégories: Paléontologie, Astronomie, Zoologie (et branches spécialisées), Botanique, Sciences de la Terre, Biologie Humaine et Physique/Chimie. 

À ma connaissance (et je travaille quand même pour la revue depuis 10 ans, tout en étant autant en relation avec des enseignants que des vulgarisateurs scientifiques), aucune étude aussi exhaustive n'a été publiée jusqu'à présent au Québec. 

Le texte s'adresse tout autant aux enseignants qu'aux bibliothécaires ou aux parents d'enfants curieux : la première partie, notamment, présente le point de vue que doit adopter chacun de ces groupes de personnes.    

Dans le même numéro, je fais également un retour, dans ma chronique Tourelu, sur l'extraordinaire collection Cyrus, l'Encyclopédie qui raconte.

Et tant qu'à jaser de mon boulot pour Lurelu, je souligne finalement ma chronique "Des livres à exploiter" du Volume 44, No. 2 (Automne 2021) où j'aborde la série d'album Le petit monde de Camille et Paolo en proposant de créer un projet multidisciplinaire en mettant sur pied un cabinet de curiosités dans une classe du primaire.

Bon, cela dit, j'ai bien assez parlé de mes textes ! Passons maintenant aux ouvrages des autres ! 



Pour les jeunes : Cabinet de Curiosités, de Camille Gauthier

Actes Sud junior propose ici un album documentaire explorant le concept même du cabinet, survolant son histoire et son mode de constitution.





Il s'agit d'un indispensable pour les classes du primaire choisissant d'intégrer ce projet à leur corpus annuel (Cynthia, c'est à toi que je parle !). Comme dit plus haut, dans Lurelu, j'ai un article où j'explique comment monter ce projet en classe --- le livre de Gauthier est alors un indispensable.


Il s'agit de bel ouvrage, fort bien illustré, et son texte révèle une belle intention de susciter un désir de polymathie chez le jeune lecteur.



Sérieusement, amenez vos classes (ou vos enfants) au Musée canadien de la nature, au Biodôme/Insectarium/Jardin Botanique/Planétarium ou au Musée royal de l'Ontario, ajoutez quelques films comme Microcosmos et vous êtes en business !


Pour les plus vieux : Mission Gravité (aussi publié sous le titre Question de Poids) de Hal Clement


C'est dans un marché aux puces, alors que j'avais dix ou onze ans, que j'ai fait main basse sur un lot d'élagage de bibliothèque contenant essentiellement de la science-fiction et de la fantasy pré raz-de-marée. À 10 cents chacun, j'ai mis la main sur des Van Vogt, des Heinlein, des Vance, des Leiber, des Cherryh et des Clarke, ainsi que d'autres auteurs moins connu. Ce fut mon premier achat de livres "par lot" (certes pas le dernier), et j'en avais pris vingt (je m'en souviens très bien car j'ai payé avec un 2$ de papier (ouf, le coup de vieux) et qu'il m'avait fallu faire des choix déchirants. Le gentil vendeur m'avait donné un 21e livre gratuit, Le Livre de Ptath de VanVogt, très beau cadeau).  



Mission Gravité reste un coup de coeur, même après toutes ces années. Il s'agit d'une aventure extraordinaire sur une planète étrangère, où les personnages principaux sont des explorateurs marchands appartenant à une race évoquant une chenille. Sur leur planète, Mesklin, la gravité varie énormément de l'équateur aux pôles. L'équipage du Bree traversera tempêtes et déserts, découvrant des créatures inconnues et des peuples insoupçonnés.


Mission Gravité est l'un des romans auquel j'ai attribué le prestigieux Prix Corde-à-Linge, c'est-à-dire qu'il m'a fait passer une nuit blanche à lire à la lueur d'une lampe de poche, suivant l'expression, vous l'aurez compris, "passer la nuit sur la corde à linge". 

[Permettez-moi de m'égarer un peu... Le prix fictif de la Corde-à-Linge fut remis par moi-même pour la première fois en 1992 pour Légendes du Vieux Manoir de Daniel Sernine. Je l'ai remis très souvent durant mon adolescence (par exemple, 27 prix en 1998) et il est de moins en moins attribué à mesure que je vieillis (avant-dernière attribution en 2016, dernière en 2018, puis plus rien... mais ça a passé proche quelques fois cette année, quand mon fils ne faisait pas encore ses nuits).

Notez que ce prix très personnel ne récompense que la capacité à m'empêcher d'aller au lit, et absolument aucun autre critère. La saga de Tyranaël (É. Vonarburg) est unique dans l'histoire de mon prix personnel, car sa pentalogie a remporté en 1999 le prix spécial Double Cordes-à-Linge, me faisant passer deux nuits blanches l'une à la suite de l'autre (et au matin, je suis allé à l'école -- c'est beau, la jeunesse !).]


Mais revenons à nos chenilles mesklinites. Pour Mission Gravité, c'est  l'aventure, l'exotisme de la planète, le rythme enlevant et les paysages extraordinaires qui m'ont fait bouder mon oreiller. J'ai l'ai relu l'an dernier avec une petite appréhension. Souvent, relire une vieille lecture favorite est décevant, mais je vous assure que ce ne fut pas le cas avec ce livre. Seconde preuve: j'en ai offert une copie à mon frère (sous le titre Question de Poids, l'un de ces gros bouquins style "papier d'aluminium psychédélique" de la collection Ailleurs et Demain) et ce cher Max, bien qu'ayant passé 30 ans, l'a trouvé excellent en le découvrant pour la première fois.


Mis à part les gens à qui je l'ai fait découvrir (mes conjointes, mon frère, mon ami Érick), je ne connais personne qui l'a déjà lu, alors je tenais à vous le présenter (bon, je suppose que d'autres auteurs de SFFF que j'ai croisé l'ont lu, mais nous n'en avons jamais discuté). Le livre a deux suites qui ne furent pas traduites, du moins à ma connaissance.  

Bref, explorateurs de salon, lancez-vous à la découverte de Mesklin à bord du Bree ! 


Infusion

Je consacrerai un billet spécial sur mes infusions que j'élabore moi-même et le lien qui lie cette activité au cabinet de curiosités. Mais pour l'heure, limitons-nous à une simple recette. 

J'ai gardé toutes mes queues de fraises cet été, les faisant sécher dans une plaque sur le tableau de bord de la voiture stationnée au soleil (je sèche aussi mes fruits comme ça, c'est fameux, économique et écologique -- laissez une fenêtre ouverte d'un pouce pour que l'humidité puisse sortir). J'ai fait de même avec du zeste d'orange tiré des pelures qu'on s'apprêtait à jeter et j'ai ramassé le tiers des feuilles de mon framboisier avant l'automne. Pour une tasse de queues de fraises, mettez une demi-tasse de feuilles de framboisier, un c. à soupe de zeste séché d'orange et saupoudrez de muscade. Réduisez en poudre au mortier et comptez un c. à soupe de cette poudre par tasse d'eau chaude. 

Laissez infuser 10min. Une excellente infusion des Fêtes.





  

mercredi 21 décembre 2022

Pause des Fêtes (déjà ?)

Eh oui, déjà une pause, après un mois à suivre mon calendrier de publication !

Je reviendrai le 1er janvier car j'ai fait une acquisition que je suis terriblement impatient de vous montrer.

D'ici là, portez vous bien... nous sommes le 21 du mois, je serais supposé vous montrer une "antiquité de la vie courante"... 

Bon, ce n'est pas encore une antiquité, mais c'est aussi vieux que moi :




Il s'agit d'une décoration de Noël en porcelaine "Precious Moments" qui date de mon tout premier Noël. Sans être antique, disons que ce n'est plus jeune... 

Precious Moments Company est une société américaine d'articles cadeaux initialement créée en 1978 par l'illustrateur Samuel J. Butcher et son partenaire Bill Biel. 

À l'origine, comme dans le cas ci-dessus, les décorations étaient faites et peintes à la main.

Je l'ai reçu quand j'étais bébé et je l'accroche encore chaque année. 

La société Precious Moments existe encore et j'ai acheté l'une de leurs décorations pour le premier Noël de ma fille et celui de mon fils (cette année !).

Sur ce, passez de joyeuses Fêtes et meilleurs voeux de santé.


mardi 20 décembre 2022

Lamproie préservée

 J'étais bien loin de chez moi, hier, et il n'y a pas eu de billet. Je pensais en écrire un à mon retour mais j'étais trop épuisé.


Aujourd'hui, nous sommes le 20, journée consacrée aux spécimens préservés. Je commence à en avoir une belle collection, comme vous pouvez le constater.




J'ai hésité un peu avant de choisir celui dont je vous entretiendrais aujourd'hui : ils sont tous fascinants. J'y suis donc allé plus ou moins au hasard et j'ai opté pour ma lamproie.




C'est un spécimen qui fut trouvé échoué, à marée basse, en Gaspésie. Quand on veut préserver un spécimen, il faut agir très vite afin qu'il soit le plus frais possible. Cette lamproie était morte (elle flottait sur l'eau si on tentait de la remettre à la mer) mais elle frétillait encore. Tout bon collecteur de spécimen garde de l'alcool isopropylique 99% dans son sac d'explorateur pour se désinfecter les mains ou, comme dans ce cas, remplir un pot Masson pour plonger aussitôt un spécimen en attendant le processus de fixation chimique, une fois à la maison.




Dans la culture populaire, les lamproies sont considérées comme des poissons, mais en réalité il s'agit plutôt d'un autre taxon de vertébrés, parmi les plus anciens vivants encore aujourd'hui. Avec les myxines (amateurs de Scrabble, retenez ce dernier mot, surtout si vous jouez en autorisant le pluriel !) et diverses formes éteintes, la lamproie fait partie de la classe des Agnathes.  Les premiers organismes appartenant à ce groupe sont apparus au Silurien ; ce sont les premier vertébrés prédateurs.

Les lamproies ont un squelette cartilagineux et un corps en forme d'anguille. Elles n'ont pas d'écailles ni de nageoires paires, mais possèdent une ou deux nageoires dorsales. De chaque côté du corps, elles sont pourvues de sept pores branchiaux près de la tête.




Les lamproies ont une bouche ronde et en forme d'entonnoir. Elles possèdent des « dents » cornées formées de kératine. 




Grâce à leurs dents, les lamproies percent ou raclent la peau de poissons hôtes, ce qui leur permet ensuite d'aspirer le sang et autres liquides biologiques (lymphe) s'écoulant de la blessure. 





Comme beaucoup d'espèces marines (j'ai déjà parlé du limule et des conus) on étudie les lamproies en médecine et en biologie --- dans ce cas-ci, dans le but d'identifier leur substance anti-coagulante.

Les lamproies sont depuis longtemps pêchées, au moins depuis la Grèce antique et la Rome antique. Ne reculant devant rien, votre humble serviteur a goûté à la lamproie lors d'un de ces passages en France. La bête avait été cuite dans le vin rouge et je dois avouer que je n'ai pas pu discerner les particularités de cette chair tant la saveur du vin était envahissante.  

Le plat n'étant pas spécialement ragoûtant, je ne compte pas récidiver.



 

dimanche 18 décembre 2022

Squelette de moineau (et autres propos sur les bestioles mortes)

Il faut croire que je ne le répèterai jamais assez, je ne tue aucun animal pour ma collection.


Cela dit, j'en reparlerai sous peu, mais les gens de mon entourage ont commencé à développer un réflexe du genre "J'ai trouvé un truc mort, le veux-tu ?" et même, dans certains cas, à dire "Je connais quelqu'un qui va faire euthanasier son animal de compagnie, veux-tu la dépouille?" (généralement en échange que je paie les frais d'euthanasie pour eux. 


J'ai aussi un étrange collaborateur : le chat de la voisine. Je suppose que les anciens propriétaires de ma maison le nourrissaient ; toujours est-il qu'il vient parfois déposer l'une de ses proies sur mon balcon. (ou peut-être est-ce mon animal sidekick, comme dans les films de Disney, les mangas pour jeune public et la fantasy mainstream,  une sorte de familier magique pour cabinetier...)



Bref, je dois à ce digne baron félin des présents aussi variés qu'intéressants : quelques souris sauteuses, une souris grise, un tamia rayé et un écureuil noir, entre autres. L'écureuil a été mis en aquamation pour récupérer le squelette ; le tamia, lui, fut préservé dans le formol ; je n'ai pas encore travaillé les souris sauteuses mais elles sont actuellement congelées dans un double contenant hermétique en attendant leur propre aquamation (et ensuite, je ferai UN seul squelette de souris, en pigeant les os d'un spécimen à l'autre --- les chats sont rarement tendres avec leurs proies et les os des souris sont fragiles). Quant à la souris grise, je l'ai mise de côté pour d'éventuelles tentatives de diaphanisation (j'ai déjà les produits et un protocole de laboratoire, me reste à me trouver du temps).    



Souris diaphanisée.


Une autre victime de la chasse féline fut un petit moineau commun, laissé en excellent état par le sieur poilu. 




Bien sûr, c'est un oiseau minuscule, et le fait que sa cage thoracique soit intacte considérant les circonstances de sa mort est un petit miracle en soi.

La curiosité qui en découle, s'il s'agit d'un ouvrage digne d'un horloger, me tient spécialement à coeur. Ce n'est pas la curiosité qu'on remarque en premier quand on observe mes présentoirs, mais lorsqu'on l'a remarquée, on passe immanquablement du temps à la contempler.


   






samedi 17 décembre 2022

Poignard d'Asmara, Première Guerre Mondiale

L'architecture (appelons cela comme ça) de mon bureau-cabinet consiste en quatre murs de 12 pieds. Chacun dispose d'un présentoir de 4 pieds de large par 8 pieds de haut, placé entre deux étagères-bibliothèques de même dimension. Ma conjointe et moi avons tout fabriqué de nos mains, en chêne massif.


On peut voir ici le présentoir Naturalia I. entre les livres des auteurs aux noms commençant par A jusqu'à D (oui, j'achète des livres de biblioventes). J'ai un autre présentoir Naturalia, un Naturalia - Scientifica - Artificialia et un dernier Exotica. Un présentoir vitré et une tablette sous la fenêtre sont également consacrés aux Scientifica.


Je vous montrerai tout cela quand j'aurai terminé, c'est promis : je publierai une vidéo imitant une visite virtuelle.    


Mon présentoir à Exotica n'est pas encore terminé mais, comme je présente une arme aujourd'hui, je voulais vous donner un aperçu...



Parmi les armes de petites tailles, juste au-dessus de la sarbacane dayak dont j'ai déjà parlé, se trouve un court poignard en fer forgé et au fourreau recouvert de peau de serpent.  



Il est plutôt difficile de dater cette arme avec certitude, considérant qu’il s’agit d’un modèle traditionnel qui fut fait pendant des siècles. Le poignard est tel que ceux qu’on retrouvait chez les Touaregs, les Toubous, les Soudanais et les Erythréens. 


Toutefois, il ressemble énormément à ceux qui furent fabriqués selon un modèle uniformisé pour la Première Guerre mondiale, en noir, jaune et rouge, afin de s’accorder à l’uniforme de la cavalerie d’Asmara. Tous les cavaliers portèrent cette arme, qu’on attachait au bras gauche ; celle-ci est décrite par Cesare Calamandrei dans  "Pugnali e coltelli italiani militari e di Partito 1916-1989" (traduction : Poignards et couteaux italiens militaires et du Parti), même si le poignard n’est pas italien, considérant que la cité d’Asmara fut occupée par l'Italie à partir février 1889, devenant la capitale de l'Érythrée italienne en 1900.


D’uniques et élaborés selon les désirs de la famille, ces poignards furent uniformisés pour la guerre et ce modèle devint, à la fin de la guerre, un objet convoité par les collectionneurs. Dans ce but, on en fabriqua jusqu’aux années 1950, mais ceux de cette époque ne présentement de trace de martèlement sur la lame. 


Ainsi, d’après les sites de musées que j’ai consulté, il s’agit probablement d’un poignard érythréen de la Première Guerre mondiale, ce qui lui donnerait plus de 100 ans .

vendredi 16 décembre 2022

Dents de crocodile du Nil

Encore un billet court, aujourd'hui on décore une maison en pain d'épices...




J'ai ici quelques dents de crocodile du Nil, obtenues grâce à une connaissance qui travaillait dans un zoo. Un crocodile totalise jusqu’à 3000 dents dans son existence, chacune de ses 80 dents étant remplacée quelque 50 fois durant sa vie, grâce à des protéines qui activent ses cellules souches. 

Le spécimen ayant fourni celles-ci était plutôt jeune, mais les dents de crocodile du Nil peuvent dépasser les six pouces de long.

jeudi 15 décembre 2022

Cubes de pyrite

J'adore trouver de la pyrite de fer. Quand j'étais petit, comme les premiers Européens en Amérique du Nord, je suis tombé sur un beau morceau de pyrite et j'ai cru que c'était de l'or. J'étais persuadé que j'étais riche et j'échafaudais déjà des projets pharaoniques... pour financer des voyages et constituer mon cabinet !


La pyrite se trouve sous différentes formes, souvent sous l'apparence d'une simple pierre dorée...




...mais il peut arriver qu'elle nous laisse voir ses formations géométriques et c'est là que c'est le plus fascinant !


C’est une organisation atomique en maille cristalline élémentaire de forme géométrique qui explique que l’on trouve des minéraux avec des formes géométriques parfaites. Ça peut prendre des formes fabuleuses, comme ce morceau de pyrite cubique, trouvé au Parc de la Chute Montmorency.




Eh oui ! C'est la nature qui fait ça, tout régulier ! Dans Angleterre, dans les cabinets de curiosités victoriens, on appelait cela des "dés de fées" et on prétendait qu'ils étaient en or. Les plus cubiques étaient les plus convoités. 



Ce morceau ne m'appartient malheureusement pas...


On en a notamment trouvé à Cottingley, lors de la fameuse "affaire des fées de Cottingley" (des gamines prétendant photographier des fées). Ces cubes de pyrites se sont vendus à des prix exorbitants et cela, malgré le fait que les géologues connaissaient depuis longtemps ce phénomène.


Reste qu'il faut être très prudent quand on dégage une matrice de pierre ornée d'un cube de pyrite. Parfois, il suffit d'un coup trop fort avec son piolet et...



...le cube se détache. Personnellement, je trouve que ça lui enlève beaucoup de son cachet.  


mercredi 14 décembre 2022

Faradic Battery

Aujourd'hui aussi ce sera un billet rapide, le moral n'y est tout simplement pas... rassurez-vous, c'est passager et je ne risque pas d'avoir besoin de l'outil médical que je vous présente ici.



Ce petit coffret à l'aspect bien anodin se nomme "Faradic Battery", ou "batterie Faradic" si vous préférez. Il s'agit de l'une des curiosités que j'ai acquises spécialement parce qu'elles évoquent l'un de mes univers de roman : l'univers de Geist dans ce cas précis, comme pour la fiole à bromure.




La "Faradic Battery" ou "boîte à électrochocs" fut conçue pour administrer des traitements électrothérapeutiques à hauts voltages. Ce modèle, le "No.4 DD Home Medical" fut fabriqué de la fin des années 1800 au début de 1900. Une pile comme celle-ci fournissait l'énergie requise (cette photo n'est pas de moi, ma propre boîte à électrochocs n'avait pas sa pile).



Vous l'aurez compris, son usage était le traitement des maladies mentales -- schizophrénie et dépression plus spécialement. Il s'agissait d'un outil à garder chez soi: le malade s'administrait des chocs selon la posologie prescrite par son aliéniste (psychiatre), exactement comme il aurait consommé des comprimés. (Ainsi, Lord Sconeater, vous vous électrocuterez vingt minutes après chaque repas durant les mois d'hiver et vos pensées impures envers votre soubrette disparaîtront). 



Les traitements électriques de la maladie mentale, et les expériences des effets des chocs électriques sur le cerveau, ont une longue et passionnante histoire sur laquelle je vous promets de revenir en vous présentant un autre objet, dans un autre billet.


mardi 13 décembre 2022

Pièce hongroise du XVIe siècle

 

Billet très rapide aujourd’hui…

D’abord je vous montre en vitesse mon présentoir de numismatique…

 



…puis le cadeau que je me suis fait à moi-même pour les Fêtes : ce dinar d’argent de Rodolphe II de Habsbourg, le célèbre Empereur-Cabinetier dont je vous parle souvent. Il date de 1584.




Rodolphe II fut propriétaire du plus vaste cabinet de curiosités d'Europe, incorporant "les trois Règnes de la Nature et les oeuvres de l'Homme". Son cabinet était établi au château de Prague où, entre 1587 et 1605, il fit construire l'aile nord pour exposer ses collections toujours plus grandes.


 Une partie de mon roman en cours d’écriture se déroule à la Cour de Rodolphe II et c’est pourquoi je tenais à avoir un objet y étant lié. J’essaie toujours de rassembler quelques curiosités en lien avec chacun de mes romans ou de mes novella ; j’ai parlé de ce que j’avais pour Geist dans le billet sur l’éprouvette à bromure ; pour le roman en cours, Artifex, j’ai notamment cette pièce de Rodolphe II, une maquette de la vis aérien de DaVinci et (surtout) un beau morceau de calcaire couvert de cinabre.




 

lundi 12 décembre 2022

Joyaux antédiluviens

Je reviens sur les ammonites pour le volet « paléontologie » de décembre pour l’unique raison que je viens tout juste d’obtenir une nouvelle curiosité que j'ai hâte de montrer. 

Pour l'obtenir, j'ai testé la célèbre « théorie des six poignées de main ». Cette théorie de Karinthy évoque la possibilité que toute personne sur le globe peut être reliée à n'importe quelle autre, au travers d'une chaîne de relations individuelles comprenant maximum six maillons. Autrement dit, si vous demandez à toutes vos connaissances de parler à toutes leurs connaissances qui parleront à toutes leurs connaissances… vous pouvez parvenir à Biden ou Poutine, ou n’importe qui d’autre, en six "poignées de main".

 

C’est un peu en testant cette théorie que je suis parvenu à mettre la main sur un gros morceau d’ammolite (non, ce n’est pas une faute d’orthographe). L’ammolite est une pierre précieuse (reconnue comme telle depuis 1981) obtenue à partir des coquilles d'ammonite fossilisées trouvées dans une petite zone de la formation de Bearpaw, une formation géologique du Crétacé supérieur dans le sud de l'Alberta. Ces fossiles ont passé quelque 75 millions d'années sous l'eau des glaciers et la pression tectonique, des conditions qui ont entraîné le développement d'une coloration irisée, semblable à l'arc-en-ciel, qui comprend le rouge, le jaune, le vert et le bleu.

 


 

Les coquilles fossilisées d’ammonites sont elles-mêmes composées principalement d'aragonite, le même minéral contenu dans la nacre, avec une microstructure héritée de la coquille. Il s’agit donc d’une des rares pierres précieuses biogéniques ou autrement dit, une gemme issue de l’organique plutôt que d’un minéral ; l'ambre et la perle sont d’autres exemples.

 



Tout cela est fascinant et ce n’est qu’en Alberta qu’une exploitation rentable est installée. Je désirais beaucoup obtenir un morceau d’ammolite — j’aurais préféré une coquille entière, mais ce fut impossible — alors j’ai commencé à tester la théorie de Karinthy.

 

Le cousin d’une amie avait travaillé sur le Plan Nord ; il connaissait d’autres mineurs, l’un d’eux avait travaillé sur le chantier albertain et m’a mis en contact avec un confrère qui y travaillait encore. J’ai ainsi pu obtenir un éclat d’ammolite qui n’a pas la qualité pour être taillé en gemme.



Les morceaux les plus purs sont conservés pour être taillés, mais il y a beaucoup de rejets.

 

Bref, je n'ai eu qu'à payer pour les frais postaux et ce gentil monsieur a ramassé quelques morceaux qui trainaient sur le tas des "rejets" du chantier et me les a envoyé. Je ne garde pour moi que le plus beau (qui s'avère aussi être le plus gros) ; les quatre autres serviront de monnaie d'échange pour obtenir d'autres curiosités en marchandant avec des collègues cabinetiers, probablement Européens, où les chances d'obtenir de l'ammolite sont minces, et hors de prix.

En ce qui concerne mon échantillon, malheureusement, il est presque impossible de rendre l’éclat irisé en photo — mon morceau est principalement rouge, mais il y a aussi du vert, du jaune et un tout petit point bleu.




 

 Mon morceau d'ammolite, qui a environ la taille d'un roman format poche



Un autre magnifique phénomène de fossilisation : la pyritisation

 

Une autre ammonite que j’ai en ma possession est « pyritisée », c’est-à-dire que le fossile est essentiellement constitué de pyrite de fer, ce qui lui donne un éclat métallique brillant comme l’or (on se rappelle d’ailleurs que la pyrite est surnommée « or des fous »).

Pour expliquer les grandes lignes du processus, disons que la décomposition de la matière organique entraine la réduction bactérienne des sulfates. Le bisulfite peut être partiellement oxydé ou peut réagir avec la matière organique et les espèces métalliques réactives. Les minéraux de fer, s'ils sont disponibles, entraînent la formation de sulfures de fer. Le sulfure de fer le plus courant dans la pyrite.

Bref, lorsqu’un animal se décompose dans les conditions optimales, son fossile sera constitué de pyrite.

 


Encore une fois, la photo ne rend pas justice…  

 

dimanche 11 décembre 2022

La Beauté Peinte

Mon Batesia hypochlora n’est pas en très bon état et c’est bien dommage parce que c’est une magnifique curiosité entomologique — je dis magnifique dans les deux sens du terme, à savoir qu’il est très beau et qu’il est remarquable en tant que curiosité.




  

Au niveau « curiosité », je l’apprécie car il s’agit d’un genre de papillon monotypique de la famille des Nymphalidae. Il est donc seul de sa bande : une espèce monotypique est une espèce qui n'inclut pas de sous-espèces ou de taxons infraspécifiques plus petits. Le narval, en tant que baleine à défense, ou le ginko biloba, sont deux autres exemples. Il est toutefois très possible (voire probable) que d’autres sous-espèces aient existé durant la Préhistoire et que nous ne disposions pas des fossiles jusqu’à présent.

Au niveau esthétique, bien sûr, il possède un mélange inhabituel et charmant de bleu métallique foncé et de rouge brique sur ses dessus, tandis que le dessous reflète le rouge du haut avec des ailes postérieures jaunes et jaune- ocre sur les bords.

L’avers et le revers du papillon sont si différents qu’on lui donne en anglais le surnom de painted beauty, la « Beauté Peinte ».




On le trouve dans toutes les zones forestières de la Haute Amazonie, en particulier celles du Brésil, de l'Équateur et du Pérou. Les mâles sont plus souvent rencontrés à l'état sauvage et les femelles sont légèrement plus grandes que les mâles, comme c'est le cas pour de nombreuses autres espèces de papillons.


 

samedi 10 décembre 2022

Sphère armillaire

 Aujourd’hui je vous présente une pièce qui attire immanquablement les regards dans mon cabinet : ma sphère armillaire.

 


Je sais, je ne l'ai pas époussetée depuis le déménagement...


C’est aussi une curiosité sur laquelle j’aimerais bien en apprendre davantage, surtout que je soupçonne qu’elle ait appartenu au même propriétaire que mon ancien journal personnel et que l’herbier qu’un antiquaire lévisien a détruit.

 

Mais commençons par parler de la sphère elle-même.

 

Elle fait un peu plus de 2 pieds de haut. Elle est fabriquée dans un bois très lourd, je dirais de l’érable à voir son grain (le chêne a un aspect différent). Ses pièces métalliques sont en laiton et elles sont toutes mobiles. La Terre tourne sur elle-même, la Lune et le Soleil autour d’elle (c’est un modèle géocentrique, ne l’oublions pas !), l’équateur céleste pivote, l’écliptique portant les constellations est mobile, bref : tout bouge !

 



C’est un bel objet, mais je n’ai absolument rien pour le dater. Au moment de l’acheter, on m’a dit qu’il venait « du vieux presbytère ». La scène se déroulait à Lévis, en 2019, à la même époque où j’ai déniché de vieux livres scientifiques chez Écolivres, un cadre portant des papillons québécois chez un antiquaire et un ancien journal personnel. J’avais cherché à retracer l’ancien propriétaire et j’en avais conclu qu’il devait s’agir du curé Bernier de Lévis.

L’essentiel de l’ « enquête » se trouve ici :

https://excentriqueunivers.blogspot.com/2019/11/sur-la-piste-dun-confrere-naturaliste.html  

 

J’ai plusieurs autres objets que j’ai ramassé durant la même période : brocanteurs, antiquaires et magasins de seconde main lévisiens avaient tous obtenus quelques objets lorsqu’on a vidé le presbytère. Je suis sûrement passé à côté de nombreux trésors.

 

Revenons à la sphère armillaire. Comme c’est un objet esthétique, on en trouve souvent vendus comme éléments de décoration ; toutefois, malgré sa représentation désuète du système solaire, la sphère armillaire est, encore aujourd'hui, un outil pédagogique pour expliquer les mouvements du Soleil et de la Lune dans le ciel en fonction des saisons et de la latitude.

 



Peut-être est-ce pour cette raison que le curé Bernier la possédait, si toutefois c’est bien le curé Bernier qui en était propriétaire. Il est également possible que ce ne fut qu’un élément de décoration, un objet élégant qui a charmé son ancien possesseur. Il se peut, finalement, qu’on l’utilisait pour enseigner aux jeunes hommes avant qu’ils ne passent au Grand Séminaire.

 

Ou peut-être n’est-ce qu’un modèle de belle facture moderne, datant de quelques dizaines d’années… il n’y a aucune indication pour le savoir, ni estampe, ni marque de fabricant, ni rien. Et encore là, ça ne voudrait rien dire... on se souviendra que mon télescope "Henry Fitz" n'était qu'une copie...

 

Remarquez, je ne me pose pas la question pour des raisons financières, bien que plusieurs objets de mon cabinet ont été évalués à des fins d’assurances. C'est juste que j'aime connaître l'histoire de mes curiosités.

 

Il s’agit probablement davantage d’un objet décoratif ou destiné à l’usage scolaire que d’un véritable trésor antique. D’après ce que j’ai vu sur le web, ma sphère n’est pas assez précise pour avoir été un modèle considéré de haut calibre.


Je serais toutefois curieux de connaître son âge.

 

Et surtout… j’adore l’effet « Clémentinium » que ça donne à mon bureau…