jeudi 8 décembre 2022

Mes coquillages du genre Conus

 

    Oui, j’ai déjà un peu parlé de mes conus au début de ce blogue. Je vais d’ailleurs réintégrer ces deux petits paragraphes à ce billet.


            Aujourd’hui, toutefois, je consacre un billet long spécialement à ces coquillages que je trouve des plus fascinants.



Je possède une douzaine de conus différents et il s’agit peut-être des seuls coquillages pour lesquels je serais prêt à débourser quelques dollars afin d’élargir ma collection. Je possède déjà trois spécimens convoités, le conus litteratus (encadré en vert), le conus aulicus (en rouge) et le conus marmoreus (en bleu).


 

Les fossiles de conus sont connus de l'Éocène à l'Holocène. Ils ont presque tous une distribution tropicale. On les trouvent généralement dans les mers et les océans chauds et tropicaux du monde entier, et ils atteignent leur plus grande diversité dans la région de l'Indo-Pacifique occidental. Cependant, certaines espèces sont adaptées aux environnements tempérés/semi-tropicaux, comme la côte du Cap en Afrique du Sud, la Méditerranée ou la Californie.

 

 


 D'autres espèces de conus qui, malheureusement, ne m'appartiennent pas

 


Cônes convoités

 

Depuis les premiers cabinets de curiosités, les conus occupent une belle place : il n’y a qu’à voir les pages qui leurs sont consacrées dans le Locupletissimi rerum naturalium thesauri.




Beaucoup d’espèces sont associées à des mythes ou des anecdotes scientifiques. Le conus litteratus, par exemple, tient son nom de ses taches qui rappellent parfois de l’écriture cunéiforme ou arabe. Dans les cabinets de curiosités, on tenait en haute estime un conus litteratus où l’on croyait déchiffrer des mots — il s’agissait, disait-on, d’indices sur les secrets de la Création.



Plusieurs conus, dont certains litteratus, dans un ancien cabinet

 


Ici, deux conus (à gauche et à droite) sur une oeuvre de Balthasar van der Ast (circa 1630)


Le Conus gloriamaris, le cône "Gloire des mers", était, au cours des siècles précédents, l'un des coquillages les plus célèbres et les plus recherchés, avec seulement quelques spécimens dans des collections privées. Pendant environ deux siècles, entre sa découverte initiale et la découverte de son habitat en 1969, les spécimens ont été évalués en milliers de dollars américains et n'appartenaient généralement qu'aux musées et aux riches collectionneurs privés. De plus, la popularité de la coquille parmi les collectionneurs a engendré des légendes urbaines, notamment l'histoire d'un collectionneur en achetant une aux enchères en 1792 uniquement pour la détruire, afin de maintenir la valeur d'une autre déjà dans sa collection. C’est en 1969 que son habitat fut découvert et que les prix ont chuté, passant de plusieurs milliers de dollars à quelques dizaines.



Je n’ai toutefois pas encore la chance de posséder mon propre « Gloire des Mers ».

 

Cônes mortels

Les escargots coniques sont carnivores et prédateurs. Ils chassent et mangent des proies telles que les vers marins, les petits poissons , les mollusques et même d'autres escargots coniques. 






Les escargots coniques se déplacent lentement et utilisent un harpon venimeux pour capturer des proies qui se déplacent plus rapidement, comme les poissons. L'osphradium (un organe chimiorécepteur) est plus efficace chez les conus que le même organe dans tout autre groupe de gastéropodes. C'est par cette modalité sensorielle que les escargots coniques détectent leurs proies, et non par la vision.


 


Le venin de quelques espèces plus grandes, en particulier les piscivores, est assez puissant pour tuer un humain. S’ils sont vivants lorsque manipulés, leur piqûre venimeuse se produira sans avertissement et peut être mortelle — il n’existe d’ailleurs aucun antidote à leur venin.




Les escargots coniques utilisent une dent de radula modifiée semblable à une aiguille hypodermique et une glande à venin pour attaquer et paralyser leur proie avant de l'engloutir. La dent, parfois assimilée à une fléchette ou à un harpon, est barbelée et peut être prolongée à une certaine distance de la tête de l'escargot, à l'extrémité de la trompe.



Mes trois cônes encadrés ci-haut peuvent tous être potentiellement mortels pour l’être humain. J’ai ramassé l’un d’eux lors d’un voyage alors que je n’étais pas au courant ; Saint Asimov soit loué, le mollusque était déjà mort.

 

Un potentiel médical incroyable

 

L'attrait du venin du cône d'escargot pour créer des médicaments pharmaceutiques réside dans la précision et la rapidité avec lesquelles les différents composants agissent; de nombreux composés ciblent une classe particulière de récepteurs, à l'exclusion de tout autre. Cela signifie que, isolément, ils peuvent produire de manière fiable et rapide un effet particulier sur les systèmes de l'organisme sans effets secondaires ; par exemple, réduire presque instantanément la fréquence cardiaque ou désactiver la signalisation d'une seule classe de nerfs, tels que les récepteurs de la douleur. Le conus geographicus, notamment, est connu pour sécréter un type d' insuline pour provoquer un choc hypoglycémique chez les poissons à proximité, les paralysant. Les conus sont les seules espèces connues à utiliser l'insuline comme arme naturelle. Les chercheurs étudient son utilisation comme une puissante insuline thérapeutique à action rapide.



 

 

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