J'étais bien loin de chez moi, hier, et il n'y a pas eu de billet. Je pensais en écrire un à mon retour mais j'étais trop épuisé.
Aujourd'hui, nous sommes le 20, journée consacrée aux spécimens préservés. Je commence à en avoir une belle collection, comme vous pouvez le constater.
J'ai hésité un peu avant de choisir celui dont je vous entretiendrais aujourd'hui : ils sont tous fascinants. J'y suis donc allé plus ou moins au hasard et j'ai opté pour ma lamproie.
C'est un spécimen qui fut trouvé échoué, à marée basse, en Gaspésie. Quand on veut préserver un spécimen, il faut agir très vite afin qu'il soit le plus frais possible. Cette lamproie était morte (elle flottait sur l'eau si on tentait de la remettre à la mer) mais elle frétillait encore. Tout bon collecteur de spécimen garde de l'alcool isopropylique 99% dans son sac d'explorateur pour se désinfecter les mains ou, comme dans ce cas, remplir un pot Masson pour plonger aussitôt un spécimen en attendant le processus de fixation chimique, une fois à la maison.
Dans la culture populaire, les lamproies sont considérées comme des poissons, mais en réalité il s'agit plutôt d'un autre taxon de vertébrés, parmi les plus anciens vivants encore aujourd'hui. Avec les myxines (amateurs de Scrabble, retenez ce dernier mot, surtout si vous jouez en autorisant le pluriel !) et diverses formes éteintes, la lamproie fait partie de la classe des Agnathes. Les premiers organismes appartenant à ce groupe sont apparus au Silurien ; ce sont les premier vertébrés prédateurs.
Les lamproies ont un squelette cartilagineux et un corps en forme d'anguille. Elles n'ont pas d'écailles ni de nageoires paires, mais possèdent une ou deux nageoires dorsales. De chaque côté du corps, elles sont pourvues de sept pores branchiaux près de la tête.
Les lamproies ont une bouche ronde et en forme d'entonnoir. Elles possèdent des « dents » cornées formées de kératine.
Grâce à leurs dents, les lamproies percent ou raclent la peau de poissons hôtes, ce qui leur permet ensuite d'aspirer le sang et autres liquides biologiques (lymphe) s'écoulant de la blessure.
Comme beaucoup d'espèces marines (j'ai déjà parlé du limule et des conus) on étudie les lamproies en médecine et en biologie --- dans ce cas-ci, dans le but d'identifier leur substance anti-coagulante.
Les lamproies sont depuis longtemps pêchées, au moins depuis la Grèce antique et la Rome antique. Ne reculant devant rien, votre humble serviteur a goûté à la lamproie lors d'un de ces passages en France. La bête avait été cuite dans le vin rouge et je dois avouer que je n'ai pas pu discerner les particularités de cette chair tant la saveur du vin était envahissante.
Le plat n'étant pas spécialement ragoûtant, je ne compte pas récidiver.
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