La peinture et la sculpture sur œufs font partie intégrante de l’art chinois. Cette tradition des œufs provient d’une légende de la Chine antique : avant la séparation du ciel et de la terre, le monde avait la forme d’un « œuf du chaos”, incompréhensible et contenant tous les éléments à l’origine de la création. Lorsque la coquille de l’œuf se brise, tous les éléments du monde furent dispersés dans l’univers.
L’œuf peint fut longtemps considéré comme un signe de prospérité. Dans les petits villages, les marchands locaux exposaient fièrement les leurs, symbole de leur réussite. Les plus humbles étaient peints sur des œufs de poule, de cane ou d’oie ; des gens de classe plus aisée convoitaient les œufs de grue ou de porcelaine — le fait qu’il s’agisse ou non d’un véritable œuf n’a pas d’importance, c’est le symbole qu’implique sa forme qui compte.
Une antiquité en porcelaine
Les gens riches avaient plutôt des œufs sculptés en jade, supposés symboliser des œufs de dragon, et la plupart du temps ils étaient beaucoup trop gros pour servir à l’usage que l’actrice Gwyneth Paltrow propose d’en faire, n’en déplaise à ses partisans…
Lorsqu’ils étaient peints à l’aquarelle, plusieurs œufs pouvaient constituer un polyptyque, ce qui augmentait légèrement la valeur de l’œuvre sans avoir à payer pour des matériaux coûteux.
On m’a affirmé, au moment de me l’échanger, que mes œufs avaient plus de deux cent ans : j’ai de sérieux doutes sur cette affirmation, d’une part parce qu’on en trouve de semblables dans le quartier chinois, à Montréal, d’autre part parce que ce qu’on me demandait en échange (un banal morceau d’améthyste) n’aurait pas couvert la valeur d’une pièce d’art aussi ancienne.
Mais justement parce que je n’ai donné qu’un banal morceau d’améthyste
en échange, ça ne me dérange pas vraiment. C’est un bel objet qui attire l’œil et
évoque des contrées et des époques lointaines — n’est-ce pas la vocation
principale d’un bon exotica ?
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