31 décembre, je suis supposé vous parler de lectures et d'infusions... commençons par les lectures.
Quelques publications récentes dans Lurelu
Je m'efforce d'éviter de m'autopromouvoir sur ce blog. Nous ne verrez généralement pas d'incitation à lire mes romans ou mes nouvelles - ce n'est pas le lieu pour cela (sauf lorsque je présente une curiosité que j'ai acquise parce qu'elle m'évoque un de mes univers mais bref, vous voyez la nuance).
Je fais toutefois une exception aujourd'hui, considérant que plusieurs enseignantes du primaire me lisent et incitent leurs élèves en avance dans leurs travaux à me lire... et surtout, parce que le sujet est directement relié à ce blog.
Dans le Volume 45, No. 3 de Lurelu (Hiver 2023), je propose une analyse des ouvrages documentaires scientifiques pour la jeunesse publiés au Québec. C'est un dossier costaud de huit pages : plus de 200 ouvrages ont été survolés et plus de 80 retenus pour être analysés. Un premier volet s'attarde à la bonne manière de magasiner (ou fouiner en bibliothèque) pour trouver un documentaire illustré et sur les différentes approches pédagogiques favorisées par ces ouvrages ; la seconde partie analyse et critique les meilleurs albums québécois en les classant en sept catégories: Paléontologie, Astronomie, Zoologie (et branches spécialisées), Botanique, Sciences de la Terre, Biologie Humaine et Physique/Chimie.
À ma connaissance (et je travaille quand même pour la revue depuis 10 ans, tout en étant autant en relation avec des enseignants que des vulgarisateurs scientifiques), aucune étude aussi exhaustive n'a été publiée jusqu'à présent au Québec.
Le texte s'adresse tout autant aux enseignants qu'aux bibliothécaires ou aux parents d'enfants curieux : la première partie, notamment, présente le point de vue que doit adopter chacun de ces groupes de personnes.
Dans le même numéro, je fais également un retour, dans ma chronique Tourelu, sur l'extraordinaire collection Cyrus, l'Encyclopédie qui raconte.
Et tant qu'à jaser de mon boulot pour Lurelu, je souligne finalement ma chronique "Des livres à exploiter" du Volume 44, No. 2 (Automne 2021) où j'aborde la série d'album Le petit monde de Camille et Paolo en proposant de créer un projet multidisciplinaire en mettant sur pied un cabinet de curiosités dans une classe du primaire.Pour les jeunes : Cabinet de Curiosités, de Camille Gauthier
Actes Sud junior propose ici un album documentaire explorant le concept même du cabinet, survolant son histoire et son mode de constitution.
Il s'agit d'un indispensable pour les classes du primaire choisissant d'intégrer ce projet à leur corpus annuel (Cynthia, c'est à toi que je parle !). Comme dit plus haut, dans Lurelu, j'ai un article où j'explique comment monter ce projet en classe --- le livre de Gauthier est alors un indispensable.
Il s'agit de bel ouvrage, fort bien illustré, et son texte révèle une belle intention de susciter un désir de polymathie chez le jeune lecteur.
Sérieusement, amenez vos classes (ou vos enfants) au Musée canadien de la nature, au Biodôme/Insectarium/Jardin Botanique/Planétarium ou au Musée royal de l'Ontario, ajoutez quelques films comme Microcosmos et vous êtes en business !
Pour les plus vieux : Mission Gravité (aussi publié sous le titre Question de Poids) de Hal Clement
C'est dans un marché aux puces, alors que j'avais dix ou onze ans, que j'ai fait main basse sur un lot d'élagage de bibliothèque contenant essentiellement de la science-fiction et de la fantasy pré raz-de-marée. À 10 cents chacun, j'ai mis la main sur des Van Vogt, des Heinlein, des Vance, des Leiber, des Cherryh et des Clarke, ainsi que d'autres auteurs moins connu. Ce fut mon premier achat de livres "par lot" (certes pas le dernier), et j'en avais pris vingt (je m'en souviens très bien car j'ai payé avec un 2$ de papier (ouf, le coup de vieux) et qu'il m'avait fallu faire des choix déchirants. Le gentil vendeur m'avait donné un 21e livre gratuit, Le Livre de Ptath de VanVogt, très beau cadeau).
Mission Gravité reste un coup de coeur, même après toutes ces années. Il s'agit d'une aventure extraordinaire sur une planète étrangère, où les personnages principaux sont des explorateurs marchands appartenant à une race évoquant une chenille. Sur leur planète, Mesklin, la gravité varie énormément de l'équateur aux pôles. L'équipage du Bree traversera tempêtes et déserts, découvrant des créatures inconnues et des peuples insoupçonnés.
Mission Gravité est l'un des romans auquel j'ai attribué le prestigieux Prix Corde-à-Linge, c'est-à-dire qu'il m'a fait passer une nuit blanche à lire à la lueur d'une lampe de poche, suivant l'expression, vous l'aurez compris, "passer la nuit sur la corde à linge".
[Permettez-moi de m'égarer un peu... Le prix fictif de la Corde-à-Linge fut remis par moi-même pour la première fois en 1992 pour Légendes du Vieux Manoir de Daniel Sernine. Je l'ai remis très souvent durant mon adolescence (par exemple, 27 prix en 1998) et il est de moins en moins attribué à mesure que je vieillis (avant-dernière attribution en 2016, dernière en 2018, puis plus rien... mais ça a passé proche quelques fois cette année, quand mon fils ne faisait pas encore ses nuits).
Notez que ce prix très personnel ne récompense que la capacité à m'empêcher d'aller au lit, et absolument aucun autre critère. La saga de Tyranaël (É. Vonarburg) est unique dans l'histoire de mon prix personnel, car sa pentalogie a remporté en 1999 le prix spécial Double Cordes-à-Linge, me faisant passer deux nuits blanches l'une à la suite de l'autre (et au matin, je suis allé à l'école -- c'est beau, la jeunesse !).]
Mais revenons à nos chenilles mesklinites. Pour Mission Gravité, c'est l'aventure, l'exotisme de la planète, le rythme enlevant et les paysages extraordinaires qui m'ont fait bouder mon oreiller. J'ai l'ai relu l'an dernier avec une petite appréhension. Souvent, relire une vieille lecture favorite est décevant, mais je vous assure que ce ne fut pas le cas avec ce livre. Seconde preuve: j'en ai offert une copie à mon frère (sous le titre Question de Poids, l'un de ces gros bouquins style "papier d'aluminium psychédélique" de la collection Ailleurs et Demain) et ce cher Max, bien qu'ayant passé 30 ans, l'a trouvé excellent en le découvrant pour la première fois.
Mis à part les gens à qui je l'ai fait découvrir (mes conjointes, mon frère, mon ami Érick), je ne connais personne qui l'a déjà lu, alors je tenais à vous le présenter (bon, je suppose que d'autres auteurs de SFFF que j'ai croisé l'ont lu, mais nous n'en avons jamais discuté). Le livre a deux suites qui ne furent pas traduites, du moins à ma connaissance.
Bref, explorateurs de salon, lancez-vous à la découverte de Mesklin à bord du Bree !
Infusion
Je consacrerai un billet spécial sur mes infusions que j'élabore moi-même et le lien qui lie cette activité au cabinet de curiosités. Mais pour l'heure, limitons-nous à une simple recette.
J'ai gardé toutes mes queues de fraises cet été, les faisant sécher dans une plaque sur le tableau de bord de la voiture stationnée au soleil (je sèche aussi mes fruits comme ça, c'est fameux, économique et écologique -- laissez une fenêtre ouverte d'un pouce pour que l'humidité puisse sortir). J'ai fait de même avec du zeste d'orange tiré des pelures qu'on s'apprêtait à jeter et j'ai ramassé le tiers des feuilles de mon framboisier avant l'automne. Pour une tasse de queues de fraises, mettez une demi-tasse de feuilles de framboisier, un c. à soupe de zeste séché d'orange et saupoudrez de muscade. Réduisez en poudre au mortier et comptez un c. à soupe de cette poudre par tasse d'eau chaude.
Laissez infuser 10min. Une excellente infusion des Fêtes.