mercredi 25 janvier 2023

Chelmon momifié

 

C’est le 24 on jase de poissons ! (en fait nous sommes le 25 mais les billets risquent d’être un peu décalés durant quelques jours).

 

L’une des choses étranges qui devient banale quand on est cabinetier, c’est de recevoir un texto du genre « j’ai un truc mort, le veux-tu ? ». Je suis toujours bien content d’acquérir un nouveau spécimen, mais parfois les circonstances du décès m’attristent ou me frustrent.

C’est le cas pour mon chelmon momifié.

Le chelmon à bec médiocre (Chelmon rostratus) est une espèce originaire des récifs de l'océan Pacifique et Indien. Magnifique lorsqu’il est vivant, il est très convoité des aquariophiles.



 

C’est toutefois un poisson complexe à garder en captivité. Voyez-vous, la base de l’alimentation de ces poissons consiste en parasites qui infestent le corps des autres poissons. Dans un vaste aquarium à l’écosystème savamment calculé, le chelmon est un atout majeur pour la santé des autres pensionnaires (un peu comme les espèces nettoyeuses de vitre ou de fonds). Il s’agit, toutefois, d’un défi pour aquariophiles avertis. On peu également amener le chelmon à s’alimenter de petits invertébrés mais cela constitue encore un défi de taille.

 

La personne m’ayant offert le chelmon était à son premier aquarium. Elle a acheté cinq ou six poissons exotiques en se basant uniquement sur ses critères esthétiques, s’est renseignée auprès d’un commis qui ne semblait guère plus informé… et deux semaines plus tard, tout les poissons flottaient sur le dos.

 

Je trouve cela d’une totale bêtise, mais bref.

 

C’est d’abord à l’alcool éthylique 99%, puis au borax, au silicate et finalement à l’alcool isopropylique qu’on préserve un poisson. Le processus, malheureusement, estompe les couleurs : d’ailleurs, saviez-vous qu’il existe des peintres spécialisés pour repeindre les couleurs des spécimens de musée ?



Je n’ai pas de talent en peinture alors j’ai préféré garder mon chelmon tel quel. On parvient quand même à distinguer l’ocelle noir sur la nageoire dorsale : il imite un œil et permet au poisson d’échapper aux prédateurs qui, d’instinct, attaquent la tête. Une bande colorée dissimule l’œil « véritable ».

Le chelmon est une excellente espèce pour expliquer la sélection naturelle à des enfants, car on peut très facilement faire le lien entre l’apparition d’une tache sur la nageoire, la disposition des bandes colorées et la survie du poisson — ainsi que sa chance de transmettre ses gènes, obtenant des descendants partageant sa particularité qui seront mieux protégés que leurs semblables, se reproduisant à leur tour… transformant lentement l’espèce par sélection naturelle.

 



 

 

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