lundi 9 janvier 2023

Livre antique : Les poèmes d'Edgar Poe

 

            Pour les Fêtes, j’ai reçu un cadeau extraordinaire : une copie antique (du moins, elle sera antique dans trois ans, quand elle aura 100 ans) des poèmes d’Edgar Allan Poe traduits par Stéphane Mallarmé.


            L’édition est protégée par un coffre au motif de papier d'Augsbourg.


            Non seulement cette édition est très ancienne, mais il s’agit d’un tirage pour collectionneurs. On peut voir que seuls 40 exemplaires furent imprimés sur papier des manufactures impériales du Japon, numérotés de 1 à 40 ; mon exemplaire est le no 25 de ce tirage très limité.



            Ces quarante exemplaires furent également accompagnés d’originaux des eau-fortes qui illustrent le texte.




Le soir même, j’avais publié ces photos sur les cybergroupes de cabinetiers que je fréquente : s’il m’arrive qu’on me fasse des offres, jamais ce ne fut plus stupéfiant que cette fois-là. Au cours de la dernière semaine, j’ai reçu 31 offres (!) d’achat ou d’échange. Bien entendu, j’ai décliné chaque proposition car il s’agit d’un cadeau. Il ne faut pas oublier non plus que tout un pan de la « sous-culture cabinetière » s’identifie comme « gothique » ou « emo » et que Poe est, très souvent, l’un de leurs auteurs fétiches.

(Les cabinets de ces gens s’orientent surtout vers l’ostéologie, la taxidermie et des minéraux suivant la mode ésotérique  pour les naturalia et les objets religieux ou macabres pour les artificialia. C’est un autre genre de sensibilité qui me rejoint moins, et c’est un avantage : comme nos intérêts divergent, nous pouvons mutuellement nous échanger des trouvailles qui nous plaisent moins).   

 

 


 

 

Ma découverte de Poe

Assez étrangement, c’est la littérature pour enfants et les Simpson (!) qui m’ont amené à lire la poésie d’Edgar Allan Poe. Le premier poème du Sombre Maître que j’ai lu est Annabel Lee (traduction de Mallarmé) sous forme d’album illustré par Gilles Tibo. J’écrivais de tout, étant enfant (encore aujourd’hui, remarquez) et je rédigeais notamment de petits poèmes, d’abord de simples phrases rimées sur toute sorte de thème, comme les dinosaures ou les saisons. J’avais demandé à la bibliothécaire s’il y avait des poèmes pour enfants et elle m’avait déniché le livre de Tibo.



Ceux qui connaissent le texte savent qu’il s’agit là d’un poème vraiment tragique. J’avais été littéralement bouleversé : on ne tue pas souvent les jeunes filles dans la littérature pour enfants. Les mots [glaçant et tuant mon Annabel Lee] m’avaient hanté durant des jours.


La même année (je crois), TQS avait diffusé la traduction québécoise de l’épisode des Simpson Treehouse of Horror 1, spécial d’Halloween où la célèbre famille rejoue Le Corbeau d’Edgar Allan Poe. Notez qu’il ne s’agit pas d’une parodie mais bien d’une mise en scène: le poème est narré textuellement (suivant la traduction de Mallarmé) et si Homer et « Corbeau-Bart » se comportent de la manière qui fait leur célébrité, il n’en reste pas moins que le texte est respecté à la virgule près.



Je n’avais pas trouvé cette partie de l’épisode très drôle, mais j’avais prêté une attention particulière au texte, le nom d’Edgar Allan Poe m’étant désormais familier.

J’ai voulu, par la suite, emprunter un recueil d’Edgar Allan Poe à la bibliothèque mais la bibliothécaire, s’arrogeant le droit de juger quelles lectures convenaient à un enfant (ça arrive souvent dans les bibliothèques de village) l’avait refusé — pourtant elle m’avait suggéré l’album de Tibo, allez comprendre…

Le Corbeau et Annabel Lee ont beaucoup influencé ma façon d’écrire de la poésie (je n’en ai pas publié jusqu’à présent et comme il s’agit d’un milieu totalement différent à percer, je ne crois pas que je le ferai un jour).

C’est en entrant au secondaire que j’ai eu enfin accès aux textes de Poe. Tout m’a plu : ses poèmes, bien sûr, mais aussi ses récits macabres qui sont un excellent cours sur l’art de la chute en écriture de nouvelle — et que dire des Aventures d’Arthur Gordon Pym, récit d’exploration par excellence !

Deux hommages valent la peine d’être citées : d’abord le film The Raven (2012) avec John Cusack dans le rôle Edgar Allan Poe (contrairement à la plupart du monde, je l’ai bien aimé) ; puis « Confession d’un mort » de Catherine Dufour, un pastiche de la plus belle eau.

 

 

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